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Planche(s) Contact 2015 :

Preview

Munie d’une chambre photographique grand format Marion Poussier est allée à la rencontre d’adolescents à Deauville afin de poursuivre son travail sur la jeunesse. Elle s’est intéressée à l’énigmatique question de l’amour à quinze ans.
« Je voudrais être amoureuse, tu voudrais être amoureux, nous voudrions être amoureux… » LOVE, la série exposée dans le cadre du festival Planche(s) Contact est un plongeon dans le coeur des adolescents.

L’Oeil de la Photographie : Y a-t-il une spécificité de la jeunesse deauvillaise ou retrouve-t-on les même questionnements/tourments propre à cet âge?

Marion Poussier : Non, les jeunes de Deauville ne sont pas différents des autres (ou plutôt si, il sont différents comme nous le sommes tous, les uns des autres). Le terme jeunesse ou adolescence ne veut pas dire grand chose si ce n’est définir une tranche d’âge. Les jeunes que j’ai photographié ne viennent pas tous de Deauville, il viennent des villes et villages alentours. Leur point commun est d’étudier (collège ou lycée) à Deauville, mais peu d’entre eux y passent du temps en dehors du temps scolaire. Ils ont des questionnements propre à leur âge, comme ceux que nous avons eu à leur âge.
ODLP : C’est sans doute difficile pour des adolescents de se livrer au regard d’un photographe documentaire. Comment créer vous le lien et le dialogue avec eux ?

MP : Assez simplement. Nous discutons. Ensuite, je crois qu’il y a une sorte de fascination pour l’image qui les pousse à m’ouvrir leur porte. Derrière l’idée de se faire photographier par un photographe, il y a l’idée d’avoir une bonne photo de soi. Pour moi il s’agit de chercher à contourner cette attente, ou de jouer avec.
ODLP : Comment avez-vous organisé vos prises de vue et sélectionnez vos « modèles »à Deauville?

MP : Nous avons passé une petite annonce dans le journal local, déposé des affiches à la sortie des collèges/lycées, sur Facebook et puis tout simplement dans la rue. Il y avait une première rencontre où j’expliquais mon projet. Je cherchais des couples principalement. Ensuite, nous trouvions ensemble un moment pour nous revoir dans un lieu que je choisissais. Je leur demandais d’avoir du temps devant eux car je travaillais à la chambre, ce qui demande une préparation longue. Cela permettait d’étirer le temps, de discuter. Il y avait un côté assez anachronique de sortir la chambre de ma grosse valise tandis qu’ils ont l’habitude de se photographier au téléphone portable. Il y avait un décalage assez intéressant.
ODLP : Votre propos documentaire lorsque vous l’avez débuté dans les années 2000 et qui a fait de vous la photographe de l’adolescence en France est-il toujours d’actualité avec l’émergence du selfie et des réseaux sociaux? ces jeunes habitués à se livrer au quotidien sur les réseaux sociaux ont-ils modifié votre approche documentaire? Comment vous êtes-vous adaptée? Votre regard sur l’adolescence en est-il impacté?

MP : Je ne me considère pas du tout comme la photographe de l’adolescence en France. Nombreux sont les photographes qui s’intéressent à cet âge avec des approches qui leur sont propres et qui sont remarquables. Quand j’ai commencé à photographier les ados, j’avais été frappée de la manière dont ils se mettaient en scène eux-même, contrôlaient leur image et cherchaient à endosser un rôle. C’est cette question principale qui m’intéressait. Avec les réseaux sociaux et les selfies, ils ont acquis la possibilité de contrôler encore plus cette image. Ils savent quelle pose prendre pour ne montrer d’eux que ce qu’ils veulent montrer, construire leur personnage. Pour moi, c’est intéressant justement de jouer avec ça : chercher la faille dans ce contrôle d’eux-même. Les réseaux sociaux et la possibilité pour tout un chacun de prendre des photos de soi par centaines grâce aux téléphones portables est une source de recherche intéressante pour mon travail. J’ai passé beaucoup de temps sur leurs profils Facebook. Leurs photos – ou parfois l’asbcence de photos – m’apprenaient beaucoup sur eux.
ODLP : Deauville, cité balnéaire romantique immortalisée par le cinéma, a-t-elle sur les adolescents, un impact dans leur approche de l’amour ? 

MP : Je ne crois pas que les adolescents voient la ville comme ça. Deauville est pour eux synonyme d’argent, de porsche et de chevaux. Comme je l’ai déjà dit, les jeunes que j’ai rencontré habitent (pour la plupart) dans les villes et villages alentours, jusqu’à 30km de Deauville. Ils viennent à Deauville pour étudier et rentrent en autocar chez eux après les cours. Ils sont issus pour la plupart de familles modestes et Deauville n’est pas vraiment une ville pour les jeunes. Le centre ville n’est que magasins chics et commerces de luxe. Il y a la plage qui est un lieu plus démocratique mais je ne crois pas qu’ils y voient un romantisme particulier. Peut-être que je me trompe.

ODLP : Vous connaissiez Deauville pour avoir vous-même passé des vacances dans les environs. Avez-vous retrouvé des émotions personnelles dans ces prises de vues?

MP : Non, pas du tout. Une partie de ma famille est originaire d’un village dans les terres à une 15aine de kilomètres de Deauville. Etant adolescente, j’allais là-bas de temps en temps, mais très rarement à Deauville. Mes souvenirs ne sont pas vraiment là.

FESTIVAL
Planche(s) Contact
Marion Poussier
LOVE
Du 17 octobre au 29 novembre 2015

Ville de Deauville
France
http://www.deauville-photo.fr

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