Rechercher un article

Photo London 2018 : tendances et coups de cœur

Preview

Plus de cent vingt galeries, les monographies d’Edward Burtynsky, Darren Almond, William Henry Fox Talbot et Bruce Gilden, trois nouvelles commissions, ainsi qu’un programme de vingt-cinq « talks », tout cela en quatre jours ? La 4ème édition de Photo London vous attend à la Somerset House de Londres. Immersion au sein de la foire au cours d’une journée.

La Somerset House est un bâtiment sublime et contraignant. La taille des différentes pièces et les restrictions pratiques dues à la quantité des galeries représentées (éclairage, accrochage, format) freinent les élans créatifs. Le grand nombre de photographies exposées donne parfois le tournis et il est vrai que la prise de risque des galeristes est faible. Par conséquent, une vision uniforme, monotone et souvent peu réflexive de la photographie contemporaine se dégage des salles.

Les thèmes principaux et les « tendances » sont bien ancrées dans le circuit : portraits de femmes nues adoptant les poses érotiques classiques (pour l’œil hétérosexuel masculin), plusieurs Marilyn Monroe et Kate Moss, grands formats inspirés de la « forme tableau » de Jeff Wall, polaroids à la Nan Goldin, photographies de paysages ou d’objets flirtant avec l’abstraction (la photographie est-elle un « Art »? Cette sempiternelle question… qui n’en est plus une tant la photographie est aujourd’hui « collectée »…), des surfaces grattées, délavées, mouchetées, des piscines et des bords de mer où nos yeux essaient de se perdre pour trouver un peu de calme et de tranquillité entre huit galeries et cinq cafés. Je m’emporte. Pardonnez si les références mentionnées ci-dessus sont uniquement anglo-saxonnes, mais il est vrai que les photographies exposées à Photo London, en raison des réalités du marché de l’art et de l’emplacement de la foire dans la capitale anglaise, sont d’un contenu souvent géographiquement limité.

Difficile de juger plus de cent vingt espaces, nos sensibilités propres (et le manque de temps pour avaler l’entier de la foire) ainsi que notre affinité ou non avec le marché de l’art contemporain en teintent l’expérience. Voici donc une liste de coups de cœurs.

Amateurs de musique et mode anglaise ? Les Beatles et les Rolling Stones sont à la galerie Iconic du premier étage. Certains accrochages sont judicieusement élaborés et présentent une belle vue d’ensemble de différents travaux. Ceux des galeries Michael Hoppen, Peter Fetterman (les deux au rez-de-chaussée), ainsi que Jo Van de Loo (sous-sol) sont à ne pas manquer. La galerie Hamiltons (pavillon) en étonnera plus d’un avec son espace quasi « fétichiste », très original. Une magnifique sélection de photographies de l’artiste Vasantha Yogananthan se trouve à la galerie Espace JB (sous-sol).

Les adeptes de nouvelles technologies seront intéressés par la monographie d’Edward Burtynsky (sous-sol) et de l’installation immersive Unwavering Vision #3 située dans l’aile ouest du bâtiment. Une belle collection de livres de photographie peut être consultée au Kraszna-Krausz Book Award (sous-sol). Les photographes japonais, chinois et sud-coréens prennent place au sein de plusieurs galeries et accrochages souvent brillamment réalisés (voir les galeries Akio Nagasawa et See + au pavillon, la galerie Yumiko Chiba au rez-de-chaussée et celle de Kana Kawanishi au sous-sol). Daido Moriyama est une figure récurrente de la foire et ses photographies peuvent être admirées en plein air, à l’extérieur du pavillon. Dernier point: 40 galeries émergentes qui arrivent cette année à la foire avec de nombreux artistes inconnus (voir images de ce portfolio). Photo London 2018 présente quelques belles surprises malgré ses complexités et contraintes.

Cette brève revue de Photo London peut paraître un tantinet acerbe mais rappelons que, malgré une certaine monotonie, la qualité des accrochages, ainsi que la variété de son programme public (la liste des « talks » peut être consultée sur le site officiel), est à saluer. Mettre sur pied Photo London représente un travail titanesque et l’organisation de la foire est si rôdée qu’il est facile d’oublier qu’il ne s’agit que de sa 4ème édition. En espérant que les prochains contenus de Photo London feront preuve d’un peu plus d’inventivité et de diversité, tirons notre chapeau à l’équipe managériale de Candlestar au cœur de cet événement.

Julie Bonzon

Julie Bonzon est doctorante en histoire de l’art au University College London (UCL), au Royaume-Uni.

 

Photo London 2018
17 au 20 mai 2018
Somerset House
South Wing Strand
WC2R 1LA Londres
Royaume-Uni

https://photolondon.org/

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android