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Photo Installations by Fanny Lambert

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Les grandes manifestations internationales le confirment cette année encore : l’installation en photographie séduit de plus en plus. Comme si pour rivaliser avec l’art contemporain, son premier « autre », elle devait aujourd’hui se détourner des pratiques traditionnelles de l’image et investir le champ de ses possibles. Sortie de l’exiguïté du cadre qui l’abrite, faisant quasi peau neuve, celle-ci chercherait-elle à nouveau à se donner du corps ?

Cela ne nous aura pas échappé, ces derniers mois, entre l’exposition manifeste d’Antoine d’Agata donnée au BAL, la programmation de plus en plus expérimentale des espaces « satellites » du Jeu de Paume qui l’inscrive dans une démarche participative, force est de constater que la photographie lorgne sur les techniques de l’art contemporain quand lui, se gargarise à l’idée de s’offrir une seconde vie. L’exposition Claude Levêque – Un instant de rêve qui vient de s’achever à la Maison Européenne de la Photographie raconte ce rapprochement mais semble pousser le paradoxe à son extrême : l’artiste de renom n’est pas photographe, « ni même (un) peintre-photographe » nous fait remarquer le commissaire en charge en prélude à l’exposition. Ce ne sera donc pas en cette qualité que ces images projetées, vidéos et autres néons devront être envisagés mais davantage comme les émanations tout juste échappées d’un « journal » de l’artiste qu’il aurait plutôt tendance à considérer comme des simulacres d’une extrême banalité, compte tenu de l’étendue des applications du médium.

Si l’on assiste à un éclatement des pratiques artistiques et photographiques soutenu par une déperdition du statut de l’image fixe et de cette « aura » dont parlait volontiers Walter Benjamin, les artistes eux, une fois l’obsolescence du gélatino argentique confirmée, s’intéressent de plus en plus aux liens entre nature protocolaire de la photographie argentique et nature processuelle des pratiques conceptuelles. C’est en tous cas la proposition faite cet hiver par Audrey Illouz à la Fondation d’Entreprise Ricard avec L’Apparition des images où comment décomposer le médium pour mieux le détourner et en proposer un nouvel objet.

C’est désormais incontournable, pour ne pas dire irrémédiable, ces deux là ne sont pas prêts de se quitter en si bon chemin. Largement initiée dans les années 1980 grâce une pratique dite « plasticienne », l’extension de la photographie dans le champ des arts plastiques passe également par une mise en commun des techniques, par un métissage des savoirs.

Récemment attribué, le prix du Festival Images de Vevey confirme cette transversalité. Dans un communiqué annonçant le lauréat, le jury explique son choix en insistant sur la particularité du travail d’Augustin Rebetez : « il n’a pas peur de mélanger les disciplines comme la vidéo, la photographie, le dessin et l’installation » et « surprend constamment » en développant « un langage visuel très personnel. ». C’est ce même métissage qui force à franchir sans cesse la frontière d’une discipline à une autre et à multiplier les médiums autant qu’à les pervertir. Car à travers ce délire pluridisciplinaire, ce sont les notions d’œuvre, de signature et d’unicité, principaux garants de l’œuvre d’art que la photographie a si longtemps cherché à prouver, qui s’en trouvent bouleversés. Ceci prouve bien que notre approche actuelle du monde contemporain et des récits de l’image passe par l’idée de mouvement d’une part, et par sa contextualisation (ou installation) d’autre part. La photo ne doit plus demeurer seule, isolée mais bel et bien englobée dans un tissu de signifiants capables de la transposer dans le futur, comme dans le présent, d’où l’élaboration de nouveaux dispositifs de la représentation.

On a vu ces dernières années l’art vidéo progresser à une allure folle. Aujourd’hui, plus aucune institution ne fait l’impasse sur la vidéo et l’installation de façon générale. Et les tablettes numériques se multiplier à vue d’œil et faire office de support à l’œuvre quand elle ne constitue pas l’œuvre elle-même. La semaine dernière encore, David Horvitz, représenté par la galerie berlinoise Chert, a fait sensation lors de l’inauguration à Art Basel de son installation vidéo The Distance of the Day (2013) composée uniquement de deux smartphones accrochés au mur.

Les nouveaux visages de la photographie dressent le portrait d’une création actuelle bigarrée en pleine métamorphose. Ecoutons ce qu’elle a à dire, une fois sortie de ses propriétés. Nous ne pourrons plus résister très longtemps. Tous les samedis durant le moins de juin, le réseau TRAM organise dans le cadre d’ « Hospitalités » une journée-visite du parcours. Le Cpif (Centre Photographique d’Ile-de-France) en fait partie et propose une exposition collective autour de la représentation du travail aujourd’hui, convoquant tout à la fois l’image photographique, l’image vidéographique et l’installation.

Fanny Lambert

EXPOSITIONS
Claude Levêque – Un instant de rêve
MEP Maison Européenne de la Photographie
5-7, rue de Fourcy

75004 Paris
France
T. 01 44 78 75 00

Hospitalités
Centre Photographique d’Ile-de-France (Cpif)
107, av. de la République

77340 Pontault-Combault
France
T. 01 70 05 49 80

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