Aurore Valade, photographe de tout juste 30 ans, est diplômée des Beaux-Arts de Bordeaux et de l’Ecole Nationale de la Photographie d’Arles. La jeune photographe, originaire du sud de la France, participe pour la première fois au Photo Folio Review organisé par le festival des Rencontres d’Arles ; nous l’avons interrogée sur les lectures de portfolios qui font parfois débat, quant au tarif appliqué pour y participer.
L’accès aux lectures de portfolio est de 290€ pour rencontrer 10 experts. C’est onéreux, qu’est-ce qui vous a décidé d’y participer, plutôt qu’aux nombreuses lectures organisées gratuitement en parallèle des rencontres ?
C’est la première fois que je fais des lectures de portfolio. Je ne suis pas parisienne, je suis provinciale et sans cesse en mouvement sur mes projets photographiques. Je n’ai plus vraiment de pied à terre, je bouge régulièrement. Il m’est donc difficile d’avoir un suivi avec le milieu professionnel. En France, beaucoup de choses se passent à Paris. Pour se faire connaître, il faut être présent régulièrement. Et pour moi, c’est un handicap. Si je dois aller à Paris pour des rendez-vous professionnels, ça me coûte beaucoup d’argent, et surtout cela me prend beaucoup de temps ! Pour pouvoir me concentrer sur mon travail, j’ai donc décidé de travailler ma communication sur une courte période et d’arrêter d’en faire tout au long de l’année, pour gagner du temps. C’est ainsi que je me suis inscrite pour les Photo Folio Review. Je paye donc une seule fois mon billet de train, et je rencontre des professionnels qui viennent du monde entier, et qui se sont déplacés spécialement pour rencontrer des photographes : ils sont disponibles et à l’écoute.
Vous avez pris des rendez-vous avec 20 experts. Pourquoi voir autant de lecteurs ?
Il est intéressant de pouvoir rencontrer un maximum de personnes, de différents profils, sur une courte durée – les entretiens durent 20 minutes. C’est à la fois suffisant, et parfois un peu frustrant en fonction de la personne qu’on a en face de soi. J’avais envie de comprendre globalement où je pouvais me situer au niveau professionnel et commercial. Ils ne sont pas là pour juger. Cela me permet de savoir qui je dois contacter pour développer mon réseau professionnel et pour développer mon travail. Je peux ainsi, me resituer dans le marché de la photo. Aujourd’hui, je n’envoie plus de dossiers dans le vide, à des gens que je ne connais pas, là c’est l’opportunité d’avoir une attention, et surtout de se confronter à des réactions.
Est-ce que le choix des experts, initialement sélectionnés lors de l’inscription, est bien respecté ?
J’ai eu la chance de rencontrer tous les lecteurs que j’ai sélectionné pour la première session, parce que je m’y suis prise très tôt, dès le premier jour. J’ai rencontré à la fois des galeristes, des commissaires d’exposition, des conservateurs… Mais le rendez-vous que j’attendais plus particulièrement était avec Erik Kessels. Ca a été une superbe expérience , un bel échange !
Quel bilan faîtes-vous de votre participation au Photo Folio Review ?
Je suis vraiment ravie. C’est un gain de temps, et un investissement rentable. De plus, c’est une bonne période pour préparer les contacts : après Arles, c’est les vacances, cela permet de prendre du recul, et de préparer les relances de la rentrée. Ce que je trouve dommage c’est que ce sont des sessions de 10 rencontres, car en soit 29 euros, ce n’est pas cher, mais multiplier par 10, cela devient une somme importante. Ils devraient faire des lectures à l’unité, ou voire par 5, ce serait plus abordable.
Pensez-vous que les lectures gratuites sont de moins bonne qualité ?
Les lectures gratuites sont intéressantes, mais il faut arriver très tôt, et attendre très longtemps. On perd beaucoup de temps. Et puis, je préfère être sûre de pouvoir rencontrer les experts de mon choix.
Ericka Weidmann
