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Phnom Penh – John Vink: En Quête de Terre

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Parmi les premières choses que j’ai photographiées lorsque j’ai décidé de m’installer au Cambodge en 2000 furent la manifestation d’un petit groupe de gens, manifestement pas des gens ‘de la ville’, devant l’Assemblée Nationale. Il s’agissait de personnes évincées de leur terre venant quérir le soutien de parlementaires afin de récupérer leur bien. J’étais accroché… Ce serait le début d’un travail de 11 années sur les problèmes fonciers. La guerre, les exactions génocidaires des Khmers Rouges, la guerre civile, semblaient fort éloignées 21 ans après la chute des Khmers Rouges, 9 ans après la signature des Accords de Paix. Mais les cicatrices étaient encore profondes, les traces nombreuses. L’une d’entre-elles est la disparition des registres du cadastre lorsque le régime de Pol Pot abolit la propriété en 1975. 

Cette absence, jointe, au début des années 2000, à une croissance économique à 2 chiffres dans un contexte de marché libre à outrance, a eu pour résultat une bousculade sans nom pour le foncier. Un système législatif encore balbutiant, une corruption omniprésente, l’arrogance des puissants et le pouvoir de l’argent ont eu et ont des conséquences terribles dans le domaine foncier. Rien qu’à Phnom Penh, 10% de la population, soit 150.000 personnes ont été évincées de leur propriété ces 10 dernières années, la plupart du temps sans compensation financière adéquate. 4 millions d’hectares, soit 22% de la surface totale du Cambodge a été attribué en tant que concessions économiques à des compagnies privées, privant la plupart des personnes qui vivaient sur ces terres de tout revenu.

Bref… Je me suis retrouvé devant un sujet qui est une déclinaison supplémentaire de ce que je photographie depuis 40 ans, presque toujours dans une situation de post-chaos: le déracinement, l’appartenance, l’injustice sociale, le développement, la reconstruction, la vie des sans-parole.

L’arrivée de l’iPad tombe à point nommé pour décliner cette histoire. Condenser 11 années de travail dans par exemple un livre ‘classique’, m’obligerait à passer sous silence quantité d’informations qui sont en fait essentielles à la compréhension de ce phénomène des évictions et des mécanismes qui le gouvernent.

L’application contient plus de 700 photographies réparties en 20 chapitres couvrant des évictions proprement dites mais aussi des chapitres dédiés à leurs origines historiques et à leurs conséquences, 21000 mots de texte (hors légendes), des environnements sonores pour des diaporamas, des liens vers des rapports d’ONG impliquées dans la défense des Droits de l’Homme et relatifs au foncier au Cambodge, téléchargeables directement sur l’iPad. Autre avantage de ‘Quest for Land’: les versions ultérieures, gratuites pour les premiers acheteurs, seront agrémentées de photographies supplémentaires, réalisées après la première édition.

Il n’y a donc pas de raison que je ne continue de documenter les évictions au Cambodge…

John Vink Phnom Penh 31 mai 2012

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