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Paris Photo LA 2014

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Autre surprise de cette édition californienne de Paris Photo, une exposition pensée par son directeur Julien Frydman et Fototeka autour des archives du département de police de Los Angeles. Ce pourrait tout aussi bien être les archives des studios de la Paramount, tant ces scènes de crimes, ces coulées sanglantes et ces chapeaux vissés sur les têtes dévissées évoquent les films noirs qui ont fait Hollywood.

Si les compositions surprennent de rigueur et de modernité, ce ne sont ni les photographies d’un professionnel suspendu aux fréquences des radios de police comme Weegee à New York, ni celles d’un confrère invité sur les plateaux d’un amateur de James Ellroy — ce sont les images de policiers et médecins légistes à l’oeil pratique et désabusé, celles qui ont servi de preuves ou de références pour la reconstitution des scènes de crime.

Corps nonchalamment abandonnés au pied d’une falaise de sable du désert californien, corps vautrés dans des contorsions désormais indolores, mains serrées sur une arme désormais inutile, tous semblent vouloir révéler le mobile des meurtres. Les références de dossier et notes ajoutées par les policiers ajoutent au mystere tout en dévoilant quelques indices, a commencer par la date du crime. Certains clichés sont signés, aussi. « Photo by Oliver », lit-on sur une photographie qui évoque inconsciemment l’univers de Roger Ballen : dans une chambre étroite dont on ne voit qu’un tiers de lit, une moitié de fauteuil et un papier peint usé, la dérangeante neutralité des éléments est troublée par un corps tombé a plat ventre du lit défait. De l’homme inerte, seuls sont visibles deux pieds chaussés restés sur la couverture — ce sont des mocassins noirs et blancs à couture brodée comme on en voyait dans les années 30. Ils trahissent la fuite inachevée d’un élégant brigand.

Aux notes des policiers s’ajoutent celles des criminels, rédigées en préméditation d’un cambriolage ou autre attaque. « Give me all your bills, except 1’s and 2’s ». Et parce qu’on les a vues dans les films, les lire fait esquisser un sourire. « Stick up, don’t move, smile », ordonne justement une autre note.

Et en effet, nous sourions et restons face à ces images comme le font les gens a qui est donné l’opportunité d’assister à un événement mortel, avec un mélange de fascination et de dégoût que l’on reconnait inconsciemment dans les foules de Ken Gonzales-Day, exposé dans le hall d’exposition voisin à la galerie Luis de Jesus. Ses photographies Erased Lynching (2000-2013) consistent en une série de cartes postales et autres images d’archives dont il a effacé la victime et la corde afin de détourner l’attention des spectateurs loin du corps inerte pour leur permettre d’observer la foule et les mécanismes du spectacle.

Unedited! The LAPD Photo Archives
Paris Photo LA 2014
Jusqu’ay 27 avril 2014
Paramount Pictures Studios
Los Angeles
USA

http://www.parisphoto.com
http://www.kengonzalesday.com/projects/erasedlynching/index.htm
http://www.luisdejesus.com/artist_dtl.php?id=69

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