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New York : Howard Greenberg

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Regards déportés, silhouettes en suspens, jeux de ressemblances et de réflexions… Dès ses débuts, Saul Leiter a fait de la rue son paradis visuel, en y décelant les détails de combinaisons singulières et en s’y trouvant un style pour toute la vie, entre abstraction et profond humanisme. Cette vision poétique du monde et de la frénésie de sa ville, New York, est à voir dans le récent livre de Steidl intitulé Saul Leiter: Early Black & White, et à travers l’exposition coïncidente à la Howard Greenberg Gallery de New York. Cette dernière présente plus de 40 photographies monochromes des années 40 et 50, dont de nombreuses inédites.

Connu pour sa production prolifique de photographies couleur, l’Américain, décédé l’année dernière à l’âge de 89 ans, a passé six décennies à la recherche des beautés simples de l’existence, sans réel désir de reconnaissance ou célébrité. Cette facette de son œuvre a largement éclipsé son travail en noir et blanc, attaché aux ombres et lumières comme aucun autre, pour un New York calme et onirique. Il y a cette petite fille au foulard traversant la rue, les reflets dorés des cheveux d’un garçonnet, les contours flous d’un manteau blanc porté sur les quais du métro, le baiser d’un couple dans la pénombre, le visage à moitié illuminé d’une jolie femme, celui d’une autre inondé de soleil dans un escalier, ceux de gamins derrière les fenêtres ou ceux, dissimulés sous d’extraordinaires masques, de rencontres fortuites. Une magie de l’observation qui, dans la texture du noir et blanc, rend compte d’une douceur inhabituelle à New York.

Parce que Saul Leiter était aussi peintre, il a toujours aimé l’impressionnisme, qui se retrouve dans ses images à travers la suggestion d’objets tels que les chapeaux et les parapluies, les illusions du verre des fenêtres ou des miroirs, ou toute autre forme ou signe suscités dont l’association dans ces compositions attire l’attention sur un au-delà de la surface, une réalité voilée de la vie. Cette fascination pour le “caché”, Saul Leiter semble l’avoir encore mieux exprimé en noir et blanc qu’en couleur, tant ses sujets humains apparaissent de façon mystérieuse, lui y compris, dans une série d’autoportraits aujourd’hui dévoilés.

Archiviste tout aussi mystérieux, Saul Leiter a semble-t-il laissé derrière lui une quantité de photographies inconnues du grand public comme du monde de l’art. Depuis sa mort, ses assistants sont retranchés dans son appartement à East Village pour un travail minutieux de tri et d’inventaire de tout ce qu’il a laissé derrière lui : photographies, mais également boîtes de tirages, négatifs et peintures. Jusqu’à présent, 250 000 négatifs et diapositives de son travail — à la fois en couleur et en noir et blanc — ont été exhumés. Et récemment, c’est une valise de plusieurs centaines de rouleaux de film Kodachrome qui n’avaient pas été développés qui fait l’objet de toutes convoitises. A travers la Fondation Saul Leiter, qui a récemment vu le jour, il est déjà prévu de créer une grande archive numérique, de présenter des images inédites et de mettre en valeur ses peintures, qui sont en grande partie inconnues et dont quelques-unes (des peintures sur photographies) sont à voir chez Howard Greenberg. Un an après sa mort, la machine de l’hommage à Saul Leiter semble bien en marche, et pour celui qui a failli vivre le restant de sa vie dans des conditions difficiles, c’est un moindre mal.

 

EXPOSITION
Saul Leiter
Jusqu’au 25 octobre 2014
Howard Greenberg Gallery
41 East 57th Street, Suite 1406
New York, USA

http://www.howardgreenberg.com

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