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Miss Rosen–Book Review #50

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La République du Niger, plus grand pays de l’Afrique de l’Ouest, est classée 186ème sur 187 selon l’indice de développement humain des Nations Unies en 2011. Avec 80% de son territoire occupé par le désert du Sahara, le pays, dont les quinze millions d’habitants sont en majorité de confession musulmane, est principalement développé dans ses extrémités sud et ouest. La capitale, Niamey, se situe dans cette zone, sur les bords du troisième plus long fleuve d’Afrique, le Niger.

Comme le photographe Nicola Lo Calzo l’écrit dans la postface de son livre, Inside Niger (Kehrer Verlag), “l’origine du nom Niger est restée énigmatique chez les chercheurs de l’ère moderne, et ne peut être retracée de manière certaine. L’hypothèse la plus acceptée est que le nom dérive du mot touareg : gber-n-igheren ou « rivière de toutes les rivières »… depuis des temps immémoriaux, le fleuve Niger a été un point de rencontre et d’échange pour de nombreux groupes ethniques. Genius loci, le fleuve est le dépositaire de mythes et de légendes, et sert de demeure à de grandes divinités telles que Ba Faro (mère de l’humanité) et le tout-puissant Noun. Le fleuve Niger est une fontaine d’eaux vives et un souffle de vie. » Et c’est ainsi que Lo Calzo a commencé à photographier le peuple du Niger alors qu’il suivait le cours du fleuve sur près de cinq cents kilomètres à l’intérieur des terres.

Lo Calzo a photographié des gens qui vivaient et travaillaient près du fleuve, où la plupart des activités prennent place, où l’on retrouve universités, travaux publics, marchés, pêche, abattoirs, vergers, et tanneries. Ses portraits nous montrent les gens qui travaillent dans un pays connu pour son fort taux de chômage, nous offrant un regard sur ceux qui ont quelque chose dans un monde de nécessiteux, pour nous aider à comprendre à quel point un travail est vital en lui-même pour la fierté et l’identité de ces hommes et femmes.

Le résultat est à la fois puissant et provocateur, remettant en question toutes les idées reçues sur l’Afrique qui la présenterait comme autre chose qu’un univers majestueux. Comme Laura Serani le fait remarquer dans son introduction, « l’empathie et le respect de Lo Calzo pour ses modèles les transforment en héros ; une transformation qui fait écho aux propos du journaliste italien Pietro Veronese : « Non, tous les hommes ne sont pas égaux ; oui, les races existent et sont divisées en inférieures et supérieures. Supérieure à toutes les autres est la race africaine. »

Les photographies de Lo Calzo révèle l’héroïsme d’un peuple vivant sur la brèche, empêtré dans la pauvreté et la dégradation de son environnement, qui lui font beaucoup de tort. Pourtant, malgré des conditions de vie dont on ne peut concevoir la rigueur en occident, les gens photographiés par Lo Calzo conservent une dignité que n’atteignent pas ces circonstances difficiles. Chaque portrait ne fournit que le prénom et le lieu de vie du sujet, nous confrontant à des gens qui défient les statistiques simplement en survivant dans un pays confronté à tellement d’épreuves.

La plupart des sujets de Lo Calzo sont des hommes d’âge varié, et alors qu’ils font face à l’appareil, nous pouvons observer une fierté qui déroute nos conceptions occidentales des genres et des classes en ce qui concerne l’homme africain. Que ce soit un représentant de l’Église catholique, vêtu de l’habit religieux, ou des travailleurs dans une boucherie, couverts de sang, les hommes se tiennent devant Lo Calzo tels qu’ils sont, dotés d’une masculinité sombre, silencieuse et puissante qui requiert toute notre attention.

Le respect vient là où le respect a été gagné, et quand il est donné, il est rendu au centuple. Les hommes font face à Lo Calzo avec le plus parfait naturel, et l’honneur et le prestige partagés entre eux, quelle que soit leur classe, résonnent sans commune mesure. Ses portraits rappellent ce passage de la Bible (Matthieu, 20 : 16), « Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers : car il y a beaucoup d’appelés, et peu d’élus. »

Les portraits de Lo Calzo nous montrent que même si nous ne pourrons jamais comprendre réellement notre propre chance, quand nous regardons dans les yeux de ses sujets, nous pouvons voir tout ce qui nous a été donné – et tout ce que nous avons perdu.

Miss Rosen

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