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Lucien Clergue 1935-1955

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Naître à Arles, une ville qui a 4 600 ans d’histoire, vous rend différent : vos racines sont très fortes si elles remontent aux tous débuts de la civilisation. Je suis né le 14 août 1934, en plein milieu de l’après-midi, à 17 heures, une heure que j’ai toujours aimée pour prendre des photographies. Mes parents se sont séparés lorsque j’avais six ans, au tout début de la Seconde Guerre mondiale. J’ai appris à jouer du violon, mais à l’âge de dix ans, j’ai été envoyé au loin, dans l’intérieur des terres, pour prendre soin de cinq chèvres, et veiller sur un certain nombre d’enfants d’Arles qui, comme moi, essayaient d’échapper aux horreurs de la guerre. J’y ai appris à regarder la nature de près parce que j’avais cassé mes lunettes (nous étions pauvres).
Quand je suis retourné à Arles, je n’avais plus de maison, totalement détruite par la guerre. Dans le magasin de ma mère (elle vendait des fruits et des produits frais aux prostituées du voisinage), il y avait une vieille peinture extraordinaire de la Vierge Marie et de son fils. Cette peinture a disparu depuis longtemps mais son image est toujours présente dans mon esprit. Elle m’a tellement impressionné que c’est sans doute par son intermédiaire que j’ai été introduit à la puissance et à l’attrait de la beauté.

La décennie suivante (1945-1955) a été difficile. Nous déménagions souvent, passions d’une maison à une autre. Ma mère est tombée gravement malade. Je prenais soin d’elle, jusqu’à son décès à mes 18 ans et demi. J’ai quitté l’école à l’âge de 19 ans pour travailler à l’usine. L’année suivante, j’ai eu la chance de rencontre Pablo Picasso lors d’une corrida. J’avais arrêté le violon, et je n’avais pas les moyens de faire des études. J’ai commencé à prendre des photos en empruntant les appareils d’un de mes voisins. Picasso a signé un de mes tirages, pas mon meilleur, mais maintenant c’est celui qui vaut le plus cher. Quand j’ai atteint l’âge de 20 ans, je travaillais toujours à l’usine, mais je prenais des photos de cinq enfants habillés de vêtements que j’avais dessinés moi-même. Je voulais faire plaisir à Picasso ; il m’avait dit dans l’arène : « Je veux voir d’autres photos. »

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