Une autre spiritualité
Le Corbusier disait : « L’architecture est le jeu habile des volumes sous la lumière ».
Toute œuvre bâtie, dans son existence, tend en effet à avoir des relations conscientes ou inconscientes avec la lumière qui est donc, même en son absence, un élément de toute œuvre architecturale.
Concernant l’architecture des lieux sacrés du christianisme, quelle que soit la période historique, j’ai toujours eu le sentiment que la gestion de la lumière (et donc des ombres) a été judicieusement modulée afin de créer des ambiances très impactantes sur l’âme humaine.
Même les volumes, souvent énormes, la majesté et, fréquemment, la magnificence des structures génèrent d’abord un sentiment de « désorientation » : on peut se sentir perdu et petit dans de grands espaces multidimensionnels, parfois même opprimé.
Si chez le croyant la luminosité qui descend d’en haut, la hauteur des bas-côtés aux parois translucides des vitraux polychromes, l’autel placé à l’Est suggèrent une spiritualité religieuse, un désir d’élévation, chez moi athée tout cela génère d’abord un presque de alarme, qui me pousse à chercher « refuge » dans l’ombre dans la fraîcheur de laquelle un autre monde s’ouvre à mes yeux dans lequel je commence à observer calmement ces détails dont dans un premier survol je n’avais pas pris conscience visuellement. Et c’est dans l’observation de ces formes, modelées par la lumière et les ombres, dans lesquelles sont souvent présentes des références artistiques, de curieuses expressions de religiosité ou plus généralement des compositions dictées par l’interaction lumière-matière, dans lesquelles mon regard se perd. J’atteins ici une paix intérieure nourrie d’une forme de spiritualité que l’on pourrait définir comme « athée » dans laquelle je retrouve finalement l’humain qui s’épanouit dans le temps et l’espace dans une sorte d’infini. Cette spiritualité est pour moi un « espace ouvert », sans églises et sans dogmes imposés par une ecclesia.
Lorenzo Vitali
