Rechercher un article

L’exposition madrilène de Lewis Baltz par la Fondation MAPFRE

Preview

États-Unis. Années 1960. La photographie de l’époque inonde notre imaginaire collectif d’images de paysages idylliques. Nature vierge, grandeur, perfection, héroïsme… ces images suscitaient dans la société de l’époque l’idée d’un paysage sacré et sublime. Le développement sans frein de l’urbanisme et l’occupation implacable du territoire nous révèlent néanmoins une réalité très différente. La série The Tract Houses en constitue l’une des illustrations visuelles les plus parlantes. Cet ensemble de vingt-cinq photographies, à la technique impeccable, représente la construction de l’une des nombreuses banlieues qui commençaient à proliférer aux abords des villes. La grandeur antérieure laissait place au consumérisme, la perfection à la standardisation, et l’héroïsme à la rentabilité économique. Le paysage que nous contemplons n’est plus associé au divin, mais est totalement marqué par la main de l’homme qui, guidé par le capitalisme, crée un paysage totalement différent et utilise le territoire selon des paramètres économiques.

Lewis Baltz joue un rôle clé dans le dévoilement de cette réalité et en particulier dans l’utilisation de la photographie comme moyen d’expression, d’étude, de critique et de réflexion sur ce nouvel environnement. Dès ses premiers travaux, alors qu’il n’était encore qu’un simple étudiant, l’artiste a concentré tous ses efforts pour atteindre cet objectif. Baltz est avant tout un artiste, pas uniquement un photographe. Baltz a utilisé la photographie comme moyen d’expression, mais ses préoccupations et le contenu de ses travaux sont très proches de ceux d’un artiste conceptuel. Le travail et la formation de Lewis Baltz doivent être considérés dans le cadre des mouvements artistiques nés dans les années 1960 aux États-Unis, et en particulier, le Land Art et l’art minimal. Ils traduisent la volonté d’apporter une réponse critique au consumérisme capitaliste dominant. Si nous avons déjà évoqué le message déchirant transmis par la série The Tract Houses, le langage formel utilisé par l’artiste est tout aussi révélateur. Il s’agit dans la plupart des cas de plans serrés et frontaux de fenêtres, de murs ou de portes que l’on pourrait parfaitement identifier avec des toiles d’Ad Reinhard, de Robert Rauschenberg ou Frank Stella, révélant l’utilisation d’un langage commun et des inquiétudes formelles partagées.

Lewis Baltz réalise cette série de 1969 à 1971 pour la présenter comme travail de fin d’études dans la Claremont Graduate School, où il étudie les beaux-arts. Il s’agit donc du travail d’un étudiant de 24 ans qui laissait déjà apparaître des qualités peu ordinaires. Ces qualités furent très vite détectées par le prestigieux galeriste new-yorkais Leo Castelli, à qui le jeune artiste a présenté son travail en 1971. Castelli, impressionné par la maîtrise dont faisait preuve le jeune artiste, acheta immédiatement la série pour l’exposer dans sa galerie Castelli Graphics la même année. Cette exposition est la première d’une longue série consacrée aux travaux de Lewis Baltz. Près de vingt ans après, l’artiste revient sur les lieux de The Tract Houses, les photographie à nouveau et en tire la série Rule without exception (1988), dans laquelle nous découvrons un langage totalement différent et un artiste sur le point de s’engager dans une toute nouvelle direction artistique.

Carlos Gollonet

Carlos Gollonet est le conservateur en chef de la photographie à Fundación MAPFRE, à Madrid, en Espagne.

 
Lewis Baltz
Du 9 février au 4 juin 2017
Bárbara de Braganza Exhibition Hall
C/ Bárbara de Braganza, 13
28004, Madrid
Espagne

Exposition produite par Fundación MAPFRE

http://exposiciones.fundacionmapfre.org/lewisbaltz

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android