Du 17 février au 14 mai 2018, le Musée Unterlinden de Colmar présente une rétrospective consacrée au photographe Adolphe Braun (1812-1877). Braun a été un photographe français parmi les plus influents du 19e siècle. Aujourd’hui, L’Œil de la Photographie vous présente une série de ses panoramas.
La vogue dont jouissent les représentations panoramiques au 19e siècle conduit Braun à s’y intéresser à son tour. Ses tout premiers panoramas sont encore constitués de plusieurs photographies prises du même point de vue et réunies en une image continue. En 1862, John R. Johnson et John A. Harrison inventent à Londres un nouvel appareil panoramique, la Pantoscopic Camera, qu’ils font fabriquer à Paris par l’ingénieur anglais David Hunter Brandon. En 1865, Braun achète un cinquième des droits d’utilisation de l’invention.
Le nouveau dispositif permet l’enregistrement automatique de l’image panoramique. Actionnés par un mécanisme d’horlogerie, la chambre et le négatif tournent horizontalement de gauche à droite en un mouvement synchrone et continu. Le châssis porte-plaque défile sur un rail, tandis qu’un obturateur placé à l’avant de l’appareil contrôle le temps de pose en occultant la fente laissant passer la lumière. En raison d’une durée d’exposition de deux à trois minutes, qui peut être augmentée ou diminuée manuellement, des personnes ont le temps de changer de place et d’être photographiées à plusieurs reprises.
Adolphe Braun a déjà acquis la réputation d’un expert de la photographie de paysages, en particulier de la haute montagne. Equipés de cet appareil, ses opérateurs sont chargés de réaliser des panoramas, d’abord en Suisse et dans les Alpes françaises, puis en Italie. La Pantoscopic Camera permet des prises de vue d’architecture et de paysages d’une amplitude maximale de 130 degrés. La plupart des vues de Braun sont prises d’un point surélevé. Les distorsions optiques des plans rapprochés sont dues aux carences de la technique. Certains clichés témoignent de la difficulté à positionner l’appareil, afin d’éviter que le premier plan ne soit trop dominant ou que les monuments apparaissent en miniature.
Les limites techniques de l’appareil de Johnson et Harrison n’empêchent pas le succès commercial d’être au rendez-vous. Le public admire non seulement la beauté des paysages, mais le format des images et le rendu extrêmement précis des détails qui donnent au spectateur l’illusion de se trouver sur place.
Près de 500 clichés panoramiques différents ont été conservés. On y trouve, entre autres, des vues de Paris prises lors de l’Exposition universelle de 1867. La sélection des motifs s’est opérée conformément au canon des vues touristiques peintes et gravées. La plupart des panoramas montrent des villes suisses et des sites touristiques autour du lac de Lugano ou du lac des Quatre-Cantons. Parmi les lieux de halte touristique, on trouve également les auberges et les hôtels du Rigi, sommet qui offre l’un des plus beaux points de vue sur le lac des Quatre-Cantons. Cette montagne est alors l’une des principales destinations du tourisme alpin, rendue célèbre dans les pays anglo-saxons par la description que Mark Twain a faite de son ascension. Les photographies de paysages alpins sont accueillies avec enthousiasme par les touristes et alpinistes britanniques qui, depuis les années 1860, visitent l’Oberland bernois ou la région de Chamonix en louant les services de l’agence de Thomas Cook. Une autre série de panoramas a été photographiée en Italie à partir de 1867 par le fils d’Adolphe Braun, Gaston : elle comprend des vues de Florence, Fiesole, Milan, Rome, Naples et Pompéi.
Adolphe Braun, l’évasion photographique
Du 17 février au 14 mai 2018
Musée Unterlinden
1 Rue des Unterlinden
68000 Colmar
France
http://www.musee-unterlinden.com/
Catalogue de l’exposition (versions en français et en allemand)
Adolphe Braun – Une entreprise photographique européenne au 19e siècle
Publié par Editions Schirmer / Mosel
260 pages (version française) 35 €
360 pages (version allemande) 58 €
