Rechercher un article

Leon Levinstein–I Walk the Streets Alone

Preview

Leon Levinstein est surtout connu pour ses enquêtes en images réalisées dans les différents quartiers de New York – Times Square, Lower East Side, Coney Island en particulier. Et nombre de ses photographies portent le sceau du roi de la rue : elles sont candides, sentimentales, souvent acerbes. Jusqu’au 22 décembre, la Steven Kasher gallery propose une exposition qui rassemble cinquante d’entre elles et informe sur l’apport de son regard dans l’histoire du medium. C’est naturellement l’occasion de redécouvrir une partie de son œuvre et de se laisser surprendre par sa virtuosité graphique.

Né en Virginie occidentale en 1910, Levinstein déménage à New York en 1946 et va passer les trente cinq prochaines années de sa vie à photographier avec obsession les inconnus dans les rues de sa ville d’adoption. Avec audace, Levinstein s’approche au plus près de ses habitants, cherchant à mettre en lumière une attitude, un geste, une scène. Il organise dans le cadre les visages et les mouvements de ces citadins: couples, enfants, personnes de la haute société mais aussi mendiants, prostituées, prosélytes – des personnages de tous horizons qu’il immortalise dans New York et près de ses rives ou sur ses plages.

Le photographe rencontre à cette époque quelques hautes figures de la photographie, notamment Alexey Brodovitch, directeur artistique de Harper ‘s Bazaar, et Edward Steichen, conservateur au MoMA, qui très vite reconnaissent tous deux son talent. Il se laisse également fortement influencer par Sid Grossman, alors professeur et membre de la Photo League. Dans les années 1950 et 1960, le travail de Leon Levinstein apparait fréquemment dans les magazines et les livres de photographie aux côtés de celui de ses pairs – Robert Frank, Richard Avedon, ou encore Diane Arbus. Il est pourtant rarement commissionné par une publication ou un éditeur. Car, étrangement, Levinstein gagne sa vie en tant que graphiste et non comme photographe professionnel.

Leon Levinstein préfère rester incognito et se forge l’image d’un personnage surtout solitaire, à l’écart du monde de l’art. Le photographe voit dans la solitude une forme d’apaisement et certainement une protection. Jamais marié, ayant peu d’amis, il aliène même ceux qui veulent faire avancer sa carrière. En esprit indépendant, il se forme un regard personnel sur le monde et l’exerce sur ses occupants. Tel un voyeur bien-intentionné, il rôde autour des foules, se fond dedans, observe les choses que d’autres manquent de distinguer. Dans une interview dans les années 80, il illustrera le métier de photographe par ces mots : « Tu dois être seul et travailler seul, c’est une occupation solitaire, si tu préfère. » On dit que Leon Levinstein, d’un caractère aussi difficile, préférait consacrer son temps à produire, encore et encore, avec cet œil vorace qu’il l’a suivi jusqu’à sa mort en 1988. Il souffrait probablement d’un mal peu répandu à notre époque : la modestie.

Jonas Cuénin

Leon Levinstein
Jusqu’au 22 décembre 2012
Steven Kasher Gallery
521 West 23rd St #2R 
New York, NY 10011
USA
(212) 966-3978

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android