La série « Mass Culture » a été réalisée dans différentes mégapoles asiatiques. Elle interroge le modèle de la culture de masse et ses conséquences face à nos individualités.
Quelle forme de vie émerge de la ville conçue pour faciliter les flux, à une échelle prenant peu en compte celle de l’homme ?
Quel flux et quel mouvement émergent d’un mode de vie qui tend vers toujours plus de standardisation et de globalisation ?
La démarche de Laurent Baillet nous rappelle ce que la culture Pop dépeignait dans les années 50 à 80, dans une version désormais plus mondialisée, plus technologique et plus clinquante ; où Coca Cola et Hollywood ont fait de la place à Apple et à LVMH…
Sa photographie reflète l’architecture urbaine et commerciale qui se construit autour de nous ; un paysage arrogant qui se veut centre de la ville et qui prétendrait se substituer à tous nos désirs. Laurent Baillet n’interprète pas cette évolution, il la subit avec une fascination non dénuée d’ambivalence, et la montre pour peut-être mieux se convaincre d’un besoin de la dénoncer.
En saisissant ces rues figées dans leurs symboles, le jeune photographe prend la mesure de la place laissée à l’individu par ce système qui, dans son excès de normalisation, contrôle l’espace extérieur mais aussi l’espace intime de l’imaginaire et des fantasmes. L’individu y apparaît effacé, en fuite, déjà dénué de sa substance, ou en décomposition.
Mais Laurent Baillet a voyagé et vécu sur presque tous les continents et ce constat n’est pas forcément donné comme une fin, plutôt comme la peinture d’une étape. Celle d’une société qui n’aurait pas encore « digéré », ne se serait pas encore affranchie de cette culture de masse.
L’« idéal » dépeint ici sur le décor des façades-affiches laisse une question en suspens : qui, de l’industrie du luxe ou des individus, est-il rendu anachronique ? Quelle présence est ici vraiment légitime ?
La société humaine, mouvante malgré son absence de corps, est-elle mort-vivante ou incarne t-elle le fourmillement inéluctable des consciences ?
Clémence Mathieu-Brunel.
