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La Photographie envahit Paris 2023 par Thierry Maindrault

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Envahir est bien le terme exact pour cette semaine du mois de novembre 2023. La semaine photographique de Paris ne triche pas, il y a bien de la photographie absolument partout à Paris. Un nombre de galeries phénoménal présente des photographies, les organismes publics et autres grandes fondations ne sont pas en reste, les festivals de quartiers ou thématiques alignent de nombreuses expositions et au sommet de la pyramide trône Paris Photo qui reste le plus grand salon de la photographie commerciale.

Vous l’avez compris, l’amoureux de la photographie, pratiquant ou non, se trouve plongé dans un marasme de dilemmes shakespeariens.

Pour ma part, à tout seigneur tous honneurs, j’ai opté pour Paris Photo, que je fréquente depuis de nombreuses années et qui représente un bon baromètre de l’évolution de la place de la photographie dans nos sociétés.

Première surprise, invité à la journée traditionnelle réservée à la presse et aux VIP (peu de monde pour permettre une approche professionnelle moins mouvementée), je me suis retrouvé noyé dans une foule très dense et vraiment pas professionnelle. Quelque chose comme la fameuse journée VIP, pré-solde ouverte à tous pour anticiper les soldes autorisées. Tant mieux pour la foule de petits malins qui ont fait la visite, a priori sans ouvrir le porte-monnaie. Pour retrouver une ambiance de travail de collectionneurs et de professionnels, le carton VIP VIP est devenu indispensable. Une journée avant l’ouverture officielle, les allées étaient pleines de monde, mais essentiellement des badauds de toutes catégories. Sans faire de sectarisme vestimentaire, il était très agréable de croiser le pull, cuir, jean, baskets unisexes, suivi à l’opposé de superbes tailleurs haute couture accompagnés par un gilet nœuds papillon. Il était tout aussi agréable de constater sur les stands la présence de galeries venues réellement des quatre coins de la planète. Paris Photo devient bien le carrefour universel de la photographie. La meilleure preuve est que l’on n’y entend plus, ou presque plus, la langue française. Le sabir universel anglo-américain est de rigueur. Cette année, certains exposants ont fait l’économie et l’impasse d’avoir ne seraient ce d’un étudiant s’exprimant en français dans leur espace.

Voilà pour l’ambiance pour ceux qui sont privés de ce parcours si spécial. Parlons photographies, ce qui nous passionne tous.

Depuis quelques années, l’émergence de photographies anciennes était évident. C’est ainsi que nous avons vu un engouement devenu frénétique pour les photographies réalisées dans l’après-guerre (39-45), type reportage, photos de rue, avec un peu de mode et quelques portraits.

Cette année, la recherche de l’ancien (limite antiquités) a totalement envahit le salon 2023. La quasi-unanimité des galeries traditionnelle offrait aux acheteurs potentiels des « vintages ». Attention, les vintages ne sont plus des images de photographes réalisées à la fin du dernier siècle, les images proposées remontent souvent de la fin du dix-neuvième siècle jusqu’aux années 1960. Comme toujours, dans cette nouvelle tendance, j’ai vu du pire et du meilleur (il en faut pour tous les goûts parait-il ?). Dans ces tranches de périodes, il est évident que les thématiques ont changé. La photographie de paysages, les portraits officiels, les natures mortes et les nus représentent les fonds qui ont été extirpés pour permettre les affaires. Parfois, le cadre est plus important que l’image elle-même, nous frisons la brocante. La photographie de famille, à la qualité plus que médiocre, genre « boites à savon » ou Polaroïds, s’affiche également sans vergogne dans des montages invraisemblables. Au milieu de ces patchworks improbables, se dissimulent, – quand même -, quelques jolies perles intéressantes.

Pour le reste, en portion congrue, se trouvent quelques créations souvent aperçues l’année dernière, quelques très rares provocations à l’érotisme mâtiné de pornographie, quelques prouesses technologiques inintéressantes (la promptographie se cherche une place). Enfin, une tonne de livres avec un département édition de plus en plus conséquent et international, business oblige !

Si la visite intégrale du salon n’était pas inutile pour humer l’air de notre temps, le photographe, que je reste, est interpellé par l’évolution commerciale de nos créations (parlons des vrais créateurs) qui s’enterrent inexorablement  ; coincées financièrement entre la montée en puissance des archives photographiques et les promesses logicielles d’un avenir sans cerveau.

Pour conclure sur cette manifestation et ses grandes lignes, cette année l’affichage des prix sur les cartels descriptifs a complètement disparu, à une exception près. La tête du client n’a jamais été le bon critère pour évaluer l’impact culturel et économique d’un art ; surtout lorsqu’on souhaite se maintenir comme la référence mondiale d’une discipline.

Thierry Maindrault

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