C’est la mère de toutes les expositions d’Arles. Celle qui a tout enfanté. La 1ère, celle d’Edward Weston. Celle de 1970 au Réattu, la légende commence ! C’est Daniel Rouvier, le directeur du musée qui nous la présente !
La rencontre entre Jerome Hill et de fait Edward Weston et le musée Réattu tient presque du miracle et des bonnes fées qui en cette année 1965 se penchèrent sur la toute nouvelle collection photographique en cours de rassemblement au musée Réattu. C’est dans sa fonction « d’agent » de Manitas de Plata que Lucien Clergue fut amené à rencontrer le mécène américain dans son domaine de Cassis à l’occasion d’une invitation pour le guitariste gitan à se produire sur la scène du théâtre de la mer. Il n’y a pas de hasard, ou alors celui-ci était particulièrement bien orienté, à ce que Lucien Clergue fasciné par Edward Weston fasse la rencontre de l’un de ses amis proches en la personne de Jerome Hill. Comment imaginer l’excitation qu’a dû ressentir Lucien Clergue lorsque Jerome Hill lui apprend qu’il a été l’élève et l’ami d’Edward Weston et qu’il en possède des vintages fabuleux et comment imaginer « le culot » du photographe arlésien, qui lui parle du projet en cours au musée Réattu et qui s’entend répondre avec une simplicité toute américaine devant les tirages de Weston : « eh bien ! Prenez en dix et je vous les offre pour enrichir la collection. » Lucien Clergue sélectionnera ainsi dans la collection Hill 10 vintages de Weston réalisés entre 1926 et 1935.
Jerome Hill en compagnie de son cousin Peter Beard entraîné dans la même dynamique que lui (il fera don de 3 des ses tirages au musée) assistèrent à l’inauguration du département photographique scellant une amitié qui se prolongera au-delà de la mort du mécène américain en 1972.
En 1970, Hill permit au musée Réattu d’entrer en possession de l’un des 100 exemplaires du Portfolio du cinquantenaire d’Edward Weston réalisé en 1951 portant alors la collection arlésienne d’œuvres de Weston à 22 œuvres…
Enfin en 1974, soit deux ans après sa mort et conformément à sa volonté testamentaire, Jerome Hill fit don de 14 autres tirages originaux de Weston réalisés entre 1929 et 1936, cette dernière date étant la plus tardive attestée dans la correspondance entre le photographe américain et le collectionneur qui continuait néanmoins de suivre son travail.
La donation Hill a ainsi une place très particulière au sein de la collection du musée, car elle réunit des hommes, Edward Weston et son complice Ansel Adams, Jerome Hill et Lucien Clergue. Elle démontre que les relations humaines fortes et passionnées sont à la base de moments miraculeux qu’il faut préserver. C’est dans ce sens qu’il faut entendre le rôle du musée et celui mené en France par la Camargo Foundation et aux USA par la Jerome Foundation qui croient en la force créatrice de l’homme.
En juillet 1970, le Festival d’Arles inaugurait les Premières Rencontres Photographiques, sous la direction de Lucien Clergue, Jean-Maurice Rouquette et Michel Tournier, avec l’exposition Hommage à Weston, regroupant 36 tirages d’Edward Weston, ceux-là même qui figurent dans la collection. En cette année du 50ème anniversaire des Rencontres, Sam Stourdzé a souhaité rendre hommage au père fondateur des Rencontres, Lucien Clergue en organisant l’exposition « CLERGUE & WESTON – PREMIÈRE EXPO, PREMIÈRES ŒUVRES » pour laquelle le musée Réattu prête de façon exceptionnelle ses 36 Weston
Daniel Rouvier