Autour de Donetsk, l’affrontement entre les prorusses et l’armée de Kiev tourne au bain de sang pour les civils. Paris et Berlin redoutent le pire. Les envoyés spéciaux de Paris Match Emilie Blachère et Alvaro Canovas étaient sur le front.
Plus de 5 300 morts et des négociations sans résultat. Le conflit s’intensifie dans l’est de l’Ukraine entre prorusses et armée ukrainienne. Les derniers affrontements ont permis aux séparatistes d’étendre leur territoire de plus de 500 kilomètres carrés et de prendre l’aéroport de Donetsk. Selon Kiev, 1 500 soldats russes équipés de lance-roquettes et autres pièces d’artillerie lourde ont passé la frontière pendant le week-end, rejoignant les forces déjà en place pour une offensive vers le port de Marioupol. Le ballet diplomatique initié par la France et l’Allemagne se poursuit pour tenter de faire fléchir Vladimir Poutine. Le président russe campe sur ses positions : il apporte aux rebelles un soutien militaire, tout en continuant à le nier.
« Nous ne comptons faire la guerre à personne, nous comptons coopérer avec tous. » Fortes paroles de Vladimir Poutine à Sotchi devant des syndicalistes. Sur le terrain, la présence ostensible de matériel russe neuf a provoqué cette réplique du président ukrainien brandissant des passeports russes trouvés sur le champ de bataille : « Trop souvent, le président Poutine a promis la paix et livré des chars, des troupes et des armes. » Ce bruit de bottes est amplifié par les pressions d’officiels américains qui souhaitent déclencher des livraisons d’armes à l’Ukraine. Jusqu’ici, le gouvernement des Etats-Unis et l’Union européenne se sont opposés à cette éventualité et privilégient la négociation. Toutefois, François Hollande a prévenu : « Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons le scénario. Il s’appelle la guerre. »
Les civils qui restent n’ont pas eu le choix. Faute d’argent ou d’endroit où aller. Certains, qui s’étaient exilés, sont revenus à l’automne, persuadés que le fracas des armes était derrière eux… Les tirs croisés d’obus et de missiles les privent d’une vie à l’air libre. Des centaines de personnes s’entassent dans des caves labyrinthiques. Ici on a perdu l’espoir, mais pas le sens de la solidarité. Les journées s’étirent en longueur. Et quand on fête les anniversaires, avec des gâteaux de farine et d’eau, ce sont ceux des morts. D’étroites cavités sont transformées en alcôves : un drap à l’entrée recrée un semblant d’intimité. Pour dormir, des familles entières se regroupent dans une seule pièce. Mais même leurs matins ressemblent à une nuit sans fin.
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