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Kati Thanda – Lake Eyre, Interprétations dans les airs

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Dans leur premier ouvrage, Australia’s The Light Collective, un groupe de cinq photographes paysagers clament leur objectif : « Parcourir les interprétations modernes des paysages australiens immenses et uniques pour inviter à une réflexion plus profonde sur la valeur inestimable de nos espaces sauvages. » Cette intention se réalise pleinement dans la beauté éthérée des images de Kati Thanda – Lake Eyre.

Le Lake Eyre constitue une part importante du “Temps du Rêve” aborigène du peuple Arabana. Situé à 700 kilomètres au nord d’Adélaïde, dans le sud du désert australien, il est le treizième plus large lac salé du monde et le plus grand d’Australie. Les eaux de crue le recouvrent en moyenne tous les huit ans, et il n’a été rempli que trois fois ces 160 dernières années. Rempli, il devient une zone de reproduction pour les oiseaux aquatiques ; sec, il semble une vaste étendue de bandes blanches à l’infini.

De nombreuses photos du Lake Eyre ont été prises depuis le sol, mais celles-ci, prises depuis le ciel, frappent par la richesse de leur texture et par leur complexité. L’absence en elles de point de référence – pas d’horizon, pas de ciel – renforce leur caractère abstrait. Le Lake Eyre est ici à la fois une palette de pastels, une toile d’artiste éclaboussée de couleurs vives, et une gravure semblant sculptée depuis la terre. Des rivets profonds traversent le paysage, le rivage balaie tel la brosse d’un peintre, les voies navigables se déploient comme des capillaires sur la peau, les algues sont marquées par des bleus irridiscents, et les couleurs changeant dans le sel, le sol et la pierre, créent presque des visions d’un autre monde.

La force de la nature éclate dans ces images. Voir le Lake depuis le ciel active l’imagination, car c’est une perspective dont peu de gens ont l’opportunité de jouir en premier lieu.

Sur certaines photos, le paysage apparaît comme une méduse géante flottant sur une vaste mer ; dans d’autres, des formes abstraites se dessinent, qui évoquent la naissance et le renouveau.

Lorsque les photographes travaillent dans des lieux aussi reculés que celui-ci, il y a souvent des anecdotes formidables à raconter, comme la guerre d’enchères dans laquelle ils se sont retrouvés avec deux pilotes de l’une des petites villes au bord du Lake. Puisque les prix pour un vol de deux heures grimpaient, les photographes sont allés plus loin, trouvant deux pilotes qui ne leur demandaient pas de casser leur tirelire. Des pilotes qui eux aussi étaient contents, de pouvoir ôter les portes de leurs petits avions, et de voler à des attitudes différentes pour répondre aux besoins des photographes.

Chaque  artiste de ce volume – Adam Williams, Luke Austin, Ignacio Palacios, et Paul Hoelen – présente diverses images de sa vision du Lake. Ils partagent également des idées personnelles sur le Lake Eyre, dans un texte qui s’ajoute à l’expérience de découverte visuelle de cette terre reculée et étrangère à travers leurs yeux.

Pourtant, par leur nature abstraite, les images restent ouvertes à l’interprétation, ce qui rend leur observation particulièrement satisfaisante. C’est un début magnifique, et les photos sont exposées à la Black Eye Gallery de Sidney.

Alison Stieven-Taylor

Alison Stieven-Taylor est une journaliste spécialisée en photographie basée à Melbourne, en Australie.

 

Kati Thanda – Lake Eyre
Jusqu’au 29 janvier 2017
Black Eye Gallery
3/138 Darlinghurst Road,
Darlinghurst (Sydney)
Australie

www.blackeyegallery.com.au

Livre disponible chez The Light Collective

www.thelightcollective.com.au

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