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Kate Brooks –In the light of darkness

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L’Américaine Kate Brooks a passé les dix dernières années – un tiers de sa vie – à documenter les conflits à travers le monde. Dans la pure tradition photojournalistique, elle livre un regard objectif sur l’horreur de la guerre mais aussi sur le quotidien et la culture de populations meurtries.

C’est une histoire de sensibilité féminine. Alors que nombre de quotidiens ou hebdomadaires ne cherchent plus dans une image de guerre que le sang, les explosions, les armes, les corps ou les visages en souffrance, Kate Brooks propose dans In the light of Darkness une vision plus humaniste du conflit. Elle abandonne l’agressivité du grand angle pour aussi montrer l’Irak ou l’Afghanistan sous un autre jour : celui des traditions, des groupes de discussions, des pique-niques en famille, des défilés de mode ou des bancs d’école.

Certes, une partie de son travail montre des victimes blessées ou décédées, des zones de batailles ou les effets d’une bombe. Pour autant la photographe ne mise pas sur le spectacle et ne cherche pas à tout prix la photo qui fera la une des journaux. « J’ai bien sûr photographié la guerre mais il m’importait plus de couvrir ses effets sur la population ; de voir comment les civils vivent et survivent autour de la guerre, explique-t-elle. Rechercher une image spectaculaire de combats n’est pas un but en soi. Je suis plus dans l’émotion. » Dans cette sélection réduite de dix ans de témoignage en Asie et au Moyen Orient, le regard de Kate Brooks s’est notamment tourné vers les enfants, leur éducation, leurs jeux, leur expérience de la guerre. Une condition qui l’a tout autant touché que celle des femmes, qu’elle a également suivies jusqu’à leur engagement politique.

Un œil sensible dans un monde de brutes

Lyse Doucet, correspondante pour BBC World écrit : « Plus d’une fois, on lui a dit : ‘Ce n’est pas un endroit pour une femme… Pourquoi ne trouves-tu pas un autre boulot.’ » Il est vrai que lorsqu’en 2001, Kate Brooks décide de partir pour l’Afghanistan, elle débarque inévitablement dans un univers où les femmes, au milieu des autres journalistes ou des soldats, sont minoritaires. « J’ai rarement affronté beaucoup de problèmes en tant que femme, mon statut social a toujours été différent de celui des Afghanes, rétorque-t-elle. Cela m’a permis de transgresser certaines règles sociales. Dans certaines situations, je me suis retrouvée dans des endroits où aucune femme ne pouvait normalement entrer. Etre une photographe américaine dans cette partie du monde est presque un avantage. »

Face à l’horreur, plus d’un photojournaliste s’est senti mal à l’aise. Sur le terrain, Kate Brooks dit éprouver plus de difficulté à photographier des personnes en souffrance physique ou psychologique. Elle se blinde émotionnellement quand il s’agit de personnes tuées qu’elle ne connait pas personnellement. Ce qui la guide ? Une croyance dans la philosophie bouddhiste, et l’intuition, résolument. « Mes voyages et mon travail ont pour point de départ une sensation résolument physique. Quand je sens qu’il faut que j’y aille, je prends mon sac et je passe le pas de la porte. » Un courage qui l’a amenée à pénétrer dans ces ruines et photographier deux enfants emmitouflés dans des couvertures, debout, la lumière du soleil couchant dans le visage ; la couverture du livre. In the light of darkness extrait de l’ombre des hommes et leurs existences.

Jonas Cuénin

In the light of darkness – A photographer’s journey after 9/11
Schilt Publishing
250 pages, 35 euros.

Southeast Museum of Photography
Jusqu’au 16 décembre 2011

1200 W. International Speedway Blvd. (Building 1200)
Daytona Beach, FL, 32114
(386) 506-4475

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