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José Maçãs de Carvalho

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Sur Rua da Plata, une simple porte vitrée indique les archives photographiques de Lisbonne. Discrète, perdue parmi les commerces qui se développent à bon train, les archives photographiques de Lisbonne se partagent entre expositions contemporaines et celles tirées de leur propre fond. C’est dans cet établissement, le seul de la ville entièrement dédié, non sans quelques difficultés, à la photographie, que se déroule l’exposition Archive et domicile, de José Maçãs de Carvalho.

Axée sur la problématique des archives relue à la lumière de l’art contemporain, cette exposition est une construction rhétorique de son auteur, qui puise dans ses archives pour présenter un ensemble de photographies variées, à la fois fruits de ses errances et de ses voyages.

Largement empruntée à une tradition surréaliste, José Maçãs de Carvalho associe des bribes de phrases à certaines de ses images, comme des lignes d’écriture automatique. Le langage est l’un des ponts possibles vers l’idée d’archives, puisque il est aussi le lieu de la mémoire ou du moins de la mémoire partielle. Les trous de mémoire, les souvenirs altérés sont autant de lacunes dans nos archives personnelles. Mais ici l’image n’est pas la pour la combler. Alors que dans une autre dimension, les archives d’un lieu, d’un pays ou d’une ville peuvent servir à rappeler ce que l’on avait mis de coté individuellement.

Ces légendes tailladées, qui se lisent d’une image à l’autre, interrogent le rôle de la mémoire et sa nécessité: « Fune’s problem is not remembering but the far more complicated dilemma, how not to remember. » Aux questions sans réponse, résonnent des images sans légende, en noir et blanc ou en couleurs ; en groupe de trois, de deux, seules ou en mosaïques. Trois murs se partagent ces présentations radicalement opposées, poussant à bout la volonté de déconstruire la narration. Se réclamant des mêmes conceptes qu’Aby Warbug, l’exposition est un hymne à la déconstruction, à la fin de la narration et à l’album d’images hors contexte. Cette prégnance philosophique est due au contexte de création de ce projet, qui s’inscrit dans le cadre d’un doctorat en art contemporain effectué sur le tard par l’artiste. L’exposition est d’ailleurs le dernier opus d’une suite d’exposition ayant eu lieu les années passées. Associées les unes aux autres, les images sont censées perdre de leur autonomie et de leur sens propre pour s’annihiler les unes les autres. Mais, et si les associations se lisaient comme une constellation ? Alors chacune des images serait dépendante de l’autre et ajouterait du sens à l’autre  ; car on ne retrouve la forme qu’en reliant les étoiles les unes avec les autres.

Pourtant les images sont effectivement très différentes les unes des autres : à la fois par leur temporalité (certaines ont été prises il y a un an, d’autres il y a plus de 20 ans), par leur technique (sont présentées aussi bien des tirages noir et blanc que des tirages couleur) et par leur thème (certaines sont des photographies de destinations lointaines documentées avec curiosité alors que d’autres paraissent plus intimes). Elles semblent avoir été prises aux hasard, comme piochées dans le grand ensemble que forme l’archive, et sont mises bout à bout pour former un tout très différent. Cette rencontre abrupte d’images apparemment sans lien s’assume comme un héritage du surréalisme, qui ne finit pas de remplir de sens cette proposition visuelle. Mais à l’étage supérieur, une petite pièce présente au spectateur la mise en place du travail par l’artiste: c’est la même exposition, les même images, mais en plus petit, épinglées sur des murs et noircies de texte. On sent que la réflexion n’a pas manqué d’alimenter le processus de A à Z. Mais l’exposition n’avait pas besoin de cette phase explicative qui, à mesure qu’on l’arpente, semble faire part de l’exposition elle-même, telle une proposition artistique jumelle, tant elles sont semblables. L’ensemble s’accompagne aussi de deux projections vidéo.

José Maçãs de Carvalho
Arquivo e Domicilio
Jusqu’au 8 mars 2014
Arquivo Municipal de Lisboa – Fotográfico
Rua da Palma, 246
1100-394 Lisbonne
Portugal

http://arquivomunicipal.cm-lisboa.pt/
Tel: 218 862 332

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