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Jeu de Paume : Bertille Bak : Abus de souffle

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Le Jeu de Paume consacre une exposition du 13 février au 12 mai 2024 à Bertille Bak, nominée au prix Marcel Duchamp 2023.

Nourrie par l’observation attentive de la société contemporaine et par l’envie de détourner les représentations habituelles de communautés marginalisées ou invisibilisées, l’œuvre de Bertille Bak (née en 1983 à Arras) met en scène des populations, des rituels ou des situations qu’elle subvertit avec la complicité des protagonistes eux-mêmes.

Cette exposition réunit des œuvres créées par Bertille Bak au cours des dix dernières années. L’artiste y interroge la mondialisation, sa cartographie, les relations de dépendance et d’inégalité induites ; elle vise ainsi à rendre

compte de la prolifération des connexions entre les pays et, paradoxalement, de l’obstruction des frontières qui en découle. Le titre « Abus de souffle » est emprunté à la vidéo qu’elle a spécialement réalisée pour l’exposition et qui relie entre elles les pièces présentées : ce travail met en lumière un monde globalisé aux rapports spectaculairement asymétriques, soulignant l’étreinte féroce du proche et du lointain dans un intense brouillard géographique.

Sans scénario préalable, Bertille Bak s’immerge dans le mode de vie d’un groupe – l’équipage d’un bateau de croisière à Saint-Nazaire, des cireurs de chaussures à La Paz, de jeunes mineurs indiens, indonésiens ou thaïlandais, des demandeuses d’asile résidant à Pau, des artisans dans la médina de Tétouan. Elle évolue à leur contact, observe leurs rites, leurs gestes et leurs objets, avant d’y instiller de nouvelles règles et des artifices en tout genre. Bertille Bak conçoit dès lors avec ces communautés des rituels collectifs qui produisent une image d’elles-mêmes émancipatrice, libérée des clichés véhiculés tant par des documentaires misérabilistes que par un discours activiste basique.

 

Loin de banaliser leurs conditions de vie précaires, Bertille Bak montre ces réalités le plus souvent faussées par l’imaginaire collectif, et donne aux premiers concernés les moyens de raconter par des chemins détournés leur réalité truquée.

Ensemble, ils façonnent des récits fictionnels, des histoires qui bousculent l’ordre établi et le sentiment de fatalité, puis elle leur propose la performance et le théâtre.

Bertille Bak place la question du travail au centre de ses projets. Elle fait appel à des savoir-faire et à des moyens de production préindustriels comme autant d’actes militants relevés d’une note de fantaisie et d’humour. L’action prévaut sur l’esthétique. Les images sont trafiquées au moyen d’effets spéciaux bidouillés et low- tech inspirés des jeux d’arcade ou bien des techniques du cinéma primitif : montages accélérés, décors en carton-pâte, bruitages désynchronisés. Il en ressort un ton léger, en contrepoint de la profondeur des sujets traités. Bertille Bak ne cherche pas à créer une illusion de vraisemblance, mais à dévoiler les coulisses de la construction de toute image et à avertir le public, d’une manière à la fois tendre et loufoque, que l’art n’est qu’un simulacre – tout comme la vie, peut-être.

 

Commissariat : Marta Ponsa

Bertille Bak : Abus de souffle
13 février – 12 mai 2024
Jeu de Paume
1, place de la Concorde
Jardin des Tuileries
75001 Paris
www.jeudepaume.org

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