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Jean-Paul Lefret : Archanges urbains

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A travers son parcours autour du monde, Jean-Paul Lefret construit des images où la ville, dans sa dimension effrénée et déchaî­née, accueille toujours, quelque part, « un cœur battant et son gardien tranquille ». Ces représentations, qui incarnent une en­trée en résistance contre l’érosion de l’hu­main (de la Chine au Brésil, de New York à Paris), nous alertent et nous apaisent. Elles ressemblent à des icônes, mais portent le signe matériel d’une humanité qui s’étiole et qui pourtant résiste : un cœur… Qu’elles ar­borent comme « un nouvel animisme pour notre modernité, au cœur de l’urbanité ». Du matériel au spirituel, le chemin s’inverse à l’infini.

« Enchantez la vulgaire réalité » écrivait Apollinaire… Philippe Pataud Célérier, auteur et journa­liste, nous remet en mémoire cette citation du poète, pour décrire le travail de Jean-Paul Lefret.

« Ce à quoi semblent faire écho ces frêles ado­lescentes comme tombées par effraction dans un monde qui n’était pas le leur mais dont elles prennent possession, presque sur la pointe des pieds, le regard droit devant elles, nuque par­fois de côté.

Elles sont pourtant sereines, auréolées d’une sainteté qui paraît irréelle dans les lieux où elles se manifestent : piste d’atterrissage, pé­riphérique, parking de supermarché, tunnel de métro… Aussi irréels que ces lieux qui n’en sont pas ou sont plus exactement les non-lieux bien réels de notre urbaine modernité. Elles se tiennent là, en contact avec un monde qu’elles ont réduit à l’échelle d’un barreau comme portées par la grâce aérienne des oiseaux dont on chercherait en vain dans le pli des drapés quelques traces de polychromies.

Car elles sont bel et bien vivantes. Et elles sont d’autant plus présentes que leur immobilité contraste avec ce monde qui, lui, ne semble être là que de passage.

Audacieux renversement de perspectives – le monde passe, nous restons – dont seuls sont capables les adolescents avant que ne leur soit inoculée cette raison qui empêtre. Mais que si­gnifie ce cœur, sorte de matricule ventricule, que chacune arbore et qui prend la matière, la couleur du milieu dans lequel il se fond : plumes d’oiseau pour l’une, étiquettes de pro­duits de consommation pour l’autre ?…

En « réincœurporant » ces espaces désin­carnés où s’éprouve solitairement de plus en plus durement la communauté des hommes, ne nous invitent-elles pas à penser à nouveau le territoire comme un corps humain ? Nou­vel animisme qui à force d’être chassé de la nature se réfugierait dans notre envahissante urbanité ?

Tendre un cœur au cœur de ces non-lieux, c’est finalement en chercher les battements qui pulseront notre imaginaire pour faire en sorte que celui-ci ne se rétrécisse pas à mesure que croissent ces non-lieux. Ces jeunes filles en au­ront-elles le pouvoir ? »

www.archanges-urbains.com

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