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Jean-François Daviaud

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EIKONES, nouvelle cosmogonie.

Cette série propose des paysages, des personnages, et leurs histoires.
Conte, cosmogonie, monde des rêves en vision panoramique.
Ces montages ont été créés à partir de mes photographies,
j’ai recherché les décors, dont la plupart sont méditerranéens,
les prises de vue des personnages ont été réalisées en studio,
aucune image n’a été glanée sur le net.
Ce n’est pas une construction de l’intelligence artificielle, simplement une divagation humaine.

C’est un travail récent, qui a été présenté dans le OFF des rencontres d’Arles à la galerie « De Natura Rerum » de juillet à septembre 2023.

Dans le contexte actuel de reviviscence de l’Antiquité dans les arts et les productions s’adressant à la culture populaire, que ce soit le cinéma hollywoodien, les jeux vidéo, la bande dessinée, les clips musicaux ou encore les spots publicitaires, une tendance esthétique se dessine entre stéréotypie, clichés éculés et problématiques genrées, normalisant la ligne de réception actuelle de l’Antiquité dans les nouveaux médias : celle de la maximisation, des paysages comme des caractéristiques genrées, qualifiée de “syndrome Acropole”.

Pourtant, il est des œuvres qui nagent volontairement à contre-courant, où la rencontre entre l’Antiquité et la culture contemporaine s’opère sous d’autres auspices à la sémantique plus productive. La proposition “écogonique”, cosmogonie à taille humaine, de Jean-François Daviaud est de celles-là.

Véritable embarcation pour Cythère, la série Eikones au format panoramique se déroule telle un volumen de papyri imagés, dont la lecture circulaire propose une visite en boucle cadencée : une ode visuelle au voyage dans un hors temps antique.

Les personnages : oracle, prêtresse, orants et orantes, bergers, archères, éphèbes et koraï, célèbrent la terre qui les portent. Des êtres hybrides aux confins de l’humanité et de l’entomologie, des animaux exotiques et vénérés, occupent des terres contraires à leur biotope habituel : ici, c’est la théorie des climats d’Hippocrate déclinée sur le mode sacré qui accouche d’un écosystème surréaliste et onirique. L’ensemble des êtres vivants, par leur unicité, évoquent une arche de Noé non pas biblique mais née de la phusis pré-socratique d’un Héraclite ou d’un Pindare. Le tout, sous le regard démiurge d’une présence incongrue qui fascine par son omniprésence : flottant dans un cosmos matriciel, une divinité pisciforme, venue de la nuit des temps ou plutôt de celle des espaces. Là, c’est Jérôme Bosch qui se décline sur un nouveau paradigme.

Tout ce monde (re)créé, à l’instar d’une nouvelle cosmogonie aux enjeux mâtinés de questions contemporaines ou, plus précisément de mise en déroute des clichés attendus comme les représentations stéréotypées des genres, de la violence et de la sexualité fantasmée des Anciens – nous plonge dans l’abîme des rêves, promesse de renouveau et de réinterprétation de l’identité antique. L’ ambiance hiératique fait dialoguer les personnages, les animaux et les références intertextuelles, au travers d’une symbolique des objets rituels dont les cultes, affranchis de toute religion dogmatique, structurent la narration et se reflètent en miroir avec la récurrence des personnages. Dilatation et anamorphose de la temporalité linéaire invitent le spectateur à une promenade dans un espace temps du toujours-déjà-là, faisant de l’Antiquité une terre aux fertilités infinies.

L’écrin brut et raffiné, oxymore visuelle, de cette narration antique a-temporelle constitue le point d’orgue du traitement plastique de cette série : le paysage. Personnage à part entière, lieu signifiant du déploiement de la création qui palpite sous nos regards émerveillés, le paysage mi-réel, mi-rêvé, construit de manière ingénieuse, du fait de ses caractéristiques méditerranéennes presque sensibles sur le plan des odeurs (on pourrait presque sentir le paysage tant sa présence inonde l’image) une esthétique dont la puissance signifiante remotive dans ses paradoxes et ses hyperboles la poésie épique dans ses heures de gloire alexandrine.

Chacun est ici invité à une immersion visuelle et olfactive intemporelle, tout comme à la (re)découverte de références plus érudites relatives à la littérature et à la civilisation gréco-romaines.

Textes et poésies, Laury-Nuria André (Dr de l’ENS de Lyon) spécialiste de l’épopée, du paysage antique et de la réception contemporaine de l’Antiquité.

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