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Jean-Claude Gautrand et la mémoire des temps

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Du 18 janvier au 3 mars 2018, la galerie Argentic, à Paris, présente une sélection d’une cinquantaine de photographies de Jean-Claude Gautrand. Ce choix couvre plus de 60 ans de prises de vue et rassemble ses plus belles séries dont Les Forteresses du dérisoire, Oradour sur Glane et Natzwiller Struthof, présentées ici.

Les images qui suivent correspondent au besoin de retrouver des éléments d’histoires récentes. Cette trilogie de photographies sur le souvenir de seconde guerre mondiale constitue autant de constats bruts de certains événements et des leçons que chacun peut en tirer. Nul besoin de grands discours politiques, ses images parlent d’elles-mêmes. Esthétiquement, Gautrand fait sienne la conception d’Eugene Smith selon laquelle la perfection formelle d’un message est celle qui permet la plus grande efficacité. Plaisir esthétique et engagement pour une cause se trouvent ainsi indiscutablement liés dans ce que l’on peut considérer comme un avertissement, tel celui du philosophe américano-hispanique George Santayana : « Ceux qui oublient l’histoire sont condamnés à la revivre ».

Les forteresses du dérisoire (1973/1976)

Quarante ans après la guerre les bunkers, reliquats du Mur de l’Atlantique sont ici saisis dans leur déliquescence. Ces monuments de béton disparaissent de toutes les manières imaginables : fracturés, brisés, ensevelis, engloutis par la force d’une nature impitoyable illustrant parfaitement la théorie de la vanité. Mais c’est là que Gautrand fait œuvre originale : il photographie ces mégalithes modernes à la beauté architecturale et aux référents culturels comme des œuvres d’art. En les dé-fonctionnalisant il en fait de véritables installations, de réelles sculptures. Tout en faisant surgir de ce constat visuel le drame dont ils sont les stèles. L’artiste Jean-Pierre Raynaud écrit : « Ces photographies ne sont pas uniquement belles, elles sont investies. Elles offrent une promenade silencieuse et riche d’émotion aucun être n’y paraît, le poids et le silence y sont implacables. »

Oradour-sur-Glane (1995)

C’est ce même silence implacable que l’on retrouve dans Oradour-sur-Glane, constat glacial de la disparition brutale un jour de juin 1944 d’un village paisible que la barbarie des hommes à l’idéologie nauséabonde, a brutalement pétrifié et fossilisé. Laissé en l’état, ce lieu autrefois vivant de sons et de mouvements, est désormais un lieu silencieux et immobile travaillé par la mémoire qui nourrit tout à la fois une méditation tant humaniste que politique. Aucune dramatisation esthétique particulière dans ces images, seulement des ruines et des ombres sous le soleil… Et un silence accablant…

Natzwiller – Struthof (1996)

Autre constat, celui sur le camp de Natzwiler-Struthof, un univers concentrationnaire dans lequel chaque pierre, chaque barbelé, devenus objets hypnotiques, n’en finissent pas d’exhaler l’horreur de ce monde de brouillards et de funestes idéologies qui ne cessent malheureusement de renaître de leurs cendres. Un triptyque qui décrit selon Michèle Moutashar, ancienne directrice de Musée Réattu à Arles, « … un même contexte historique et tragique, celui de la guerre, de l’inhumain, une même volonté chez l’auteur de se souvenir et de faire réentendre des voix ne serait-ce qu’en désignant le silence ».

 

 

Jean-Claude Gautrand, Itinéraire d’un photographe
Du 18 janvier au 3 mars 2018
Galerie Argentic
43 Rue Daubenton
75005 Paris
France

www.argentic.fr

Le livre peut être commandé aux Editions Bourgeno, 32 rue de Thionville – Paris 19ème, sur Amazon ou retiré sur place à la Galerie Argentic

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