Après le succès de l’exposition Borders cet été aux Rencontres d’Arles, c’est pour sa première exposition à Paris, à la galerie Sit Down, que cette série de Jean-Michel André est mise à l’honneur.
Borders débute en 2016 à Calais, au moment du démantèlement de la jungle, et se développe sur trois ans. Le photographe explore dans cette série la notion de frontières.
Jean-Michel André a fait le trajet à rebours, en Italie, en Espagne et en Tunisie pour suivre les chemins empruntés par les exilés.
Borders nʼest pas une série documentaire puisque l’artiste ne situe pas les prises de vues, mais plutôt une réflexion sur l’exil au vocabulaire suggestif.
La temporalité est flottante, les espaces non définis. De cette manière, l’artiste
gomme volontairement la carte des migrations.
Cʼest bien lʼespoir de la liberté que le photographe, de son point de vue, tente de traduire.
Comme un palimpseste visuel, composée de fragments de paysages, de portraits et de textes, l’exposition invite le regardeur à un cheminement, celui de l’exil, de l’errance mais aussi de l’espérance et de la résistance.
La série Borders de Jean-Michel André est un projet sur plusieurs années qui questionne le rêve d’un nouvel Eldorado par des hommes et des femmes ayant fui leur pays. Comme dans ses précédents travaux, le photographe explore les notions de flux économiques et migratoires. Plutôt que de se conformer à un travail strictement documentaire, il s’inscrit dans des récits qui ne sont ni linéaires ni prédéterminés. Un même sentiment de conscience politique et écologique transparaît nettement dans le choix des sujets.
De Calais à l’île de Lampedusa en passant par l’Espagne et la Tunisie, il montre le courage de personnes privées de leurs familles, déplacées en raison de conflits religieux, de catastrophes climatiques ou économiques.
De la rencontre avec l’écrivain Wilfried N’Sondé naît une relation amicale épistolaire d’où jaillira une mise en regard entre écrits et photographies d’une profonde humanite. Les textes de Wilfried N’Sondé racontent les déchirements, les privations et la dignite d’un peuple face à un départ sans retour.
En écho, le choix de la surexposition des images permet à Jean-Michel André d’obtenir des chromies uniformes tirant vers des teintes claires et finalement apaisantes. Une impression de calme se dégage alors malgré le tragique de la situation. Nul sensationnalisme dans son approche. Bien au contraire, la beauté d’une montagne enneigée, d’une maison isolée ou d’une route sinueuse traversée par des hommes et des femmes résolus à trouver une terre d’accueil y est sublimée.
Les tirages oscillent entre des lumières blanches et ocres et des paysages noirs organiques, métaphores de rêves à venir et de périples tragiques. Si la solitude, l’isolement et la peur ponctuent les récits de ces destins brisés, chacun peut toutefois y trouver une lueur d’espoir.
Observateur engagé auprès des populations en errance, Jean-Michel André livre ici un geste de résistance. Celui qui consiste à repenser inlassablement la place de l’humain à l’heure des grands questionnements mondiaux. Pour mieux nous rappeler l’existence fragile de nos civilisations.
Béatrice Andrieux, commissaire d’exposition, critique d’art.
Jean-Michel André
Diplômé de l’école des Gobelins en 2000, Jean-Michel André poursuit un travail de création photographique au croisement des lectures plastique et documentaire.
Sa démarche repose sur une vision politique et poétique du territoire. Il interroge ses limites, sa mémoire et ses évolutions. Il explore aussi la notion de circulation, et notamment celle des flux économiques, financiers et migratoires.
Diffusé dans le cadre d’expositions, de résidences et de publications en France et à l’étranger, son travail est représenté par la galerie Sit Down. Ses photographies font partie des collections de la Fondation Clément et de la Bibliothèque nationale de France.
Jean-Michel André : Borders
4 novembre – 4 décembre 2021
Galerie Sit Down
4 rue Sainte-Anastase – 75003 Paris
Séance de signature avec Jean Michel André à la galerie Sit Down : samedi 20 novembre 2021
Dans le cadre du parcours Photos Days
