par Thierry Maindrault
C’est un binôme, un peu improbable que nous présente la galerie aixoise (Aix en Provence en France) Parallax. Notre planète se montre sous deux visions guère optimistes, elles-mêmes parallèles. Il n’était pas évident d’imaginer les visions oniriques, limites cauchemardesques, de Jean Marc Yersin venir se fusionner avec les conceptions cartésiennes et leur impact dans un Monde en fuite, à la façon de Sébastien Pageot. Ce n’était pas, ce n’est pas, ce ne sera pas possible. Pourtant, cette idée de manque pas d’intérêt tant notre planète propose des variétés de situations et tant l’homme compose des adaptations improbables.
Dans la première approche, l’auteur semble nous confronter au solde de nos délires sous la forme de magmas difformes et indigestes. Cependant, la réalité de nos réflexions, de nos ambitions, de nos constructions les plus gigantesques est bien présente sur chaque représentation de Jean Marc Yersin. L’obtention technique semble osée ; mais le résultat est bien présent avec cette sensation envahissante de malaise qui prévaut devant chaque photographie. Qu’avons-nous fait pour que ce Monde soit si laid et si oppressant ? L’interpellation est à la hauteur des dégâts constatés.
En face, Sébastien nous rétorque que notre planète ce n’est pas çà, elle est docile, accueillante et disciplinée pour satisfaire aux désirs cartésiens et organisés de la main humaine. Les images peuvent heurter les puristes de l’harmonie et du camaïeu. Les mises en scènes sont incisives et apparemment très consensuelles avec ces petites maquettes bien fignolées ou ces compositions géométriques que nous pouvons qualifier de bien propres. La nature et son arrière-plan se diluent en souplesse. Tout semble paraître dans le meilleur des mondes. Le boomerang concocté par Sébastien Pageot nous revient bien plus rapidement que prévu. Où se trouve l’adéquation avec cette nature d’apparence bienveillante et généreuse d’un côté ? Serait ce cette main réalisatrice de l’ordre et de la méthode issus de l’imagination d’un Homme qui impose, de l’Homme qui s’impose. Sébastien pose des projets ; mais, qu’en restera-t-il, à l’épreuve du temps ? La lumière reste neutre dans ses images pour conforter la portée du dessein, l’astreinte géométrique des compositions se charge efficacement de tout le reste.
D’aucuns prétendent que la photographie ne sert qu’à constater un état. Si c’est vraiment le cas à travers toutes les œuvres de cette exposition, il est temps d’y réfléchir pour retrouver un vrai Monde.
Thierry Maindrault
Galerie Parallax
03 rue des Epinaux
(place des trois ormeaux)
Aix en Provence [FRANCE].
exposition du 05 février au 02 avril 2020
ouvert du mercredi au samedi
de 10h30 à 12h30 et de 15h00 à 18h30
