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Galerie Imane Farès : La Quinzaine de la Vidéo

Preview

Conçue par le commissaire invitée Fabien Danesi à l’invitation de la Galerie Imane Farès, la Quinzaine de la Vidéo se déroule du 10 au 20 mars 2021, au sein de la galerie. Intitulée « Chaque vertèbre est un soleil éteint » d’un vers d’Etel Adnan, écrit dans son poème épique Apocalypse Arabe (1980), la programmation est uniquement centrée sur des œuvres vidéos.

Elle a vocation à interroger notre monde contemporain par le prisme du désert, de « l’Arabie à Atacama ». Voici les mots de son commissaire, et la programmation de ce moment excitant, combinant des œuvres fortes et reconnues de Francis Allÿs à des réalisations de jeunes artistes, méritant la lumière.

 

Le mot du commissaire : 

« Lorsqu’Etel Adnan commence l’écriture en janvier 1975 de son Apocalypse arabe (1980), le Liban est au bord de la guerre civile. La poétesse y développe alors une cosmologie rageuse et profane où le soleil participe à la longue chaîne de transformation de toute chose. Le soleil n’y figure pas en tant qu’observateur omniscient de l’Histoire mais y est, au contraire, défini comme un acteur primordial des désastres humains. Il y participe comme un astre glouton capable de tout devenir. Et Etel Adnan d’écrire dans un renversement fulgurant que « chaque vertèbre est un soleil éteint ». À la première lecture de cette phrase, je me souviens très bien que l’image du désert m’est apparue. De l’Arabie à Atacama en passant par le Grand Bassin américain, le désert s’observe sur tous les continents.

Trop longtemps cantonné à un motif exotique, il est en fait un biotope puissant où l’existence des plantes, des animaux et des humains s’acquiert de haute lutte. Le désert nous confronte au temps abstrait des formations tectoniques. Pour autant, comme le soleil allégorique d’Etel Adnan, le désert n’est pas étranger à notre condition politique. Ainsi, les films et vidéos proposés ici montrent que ces régions arides peuvent jouer le rôle de caisse de résonance face à des combats individuels ou collectifs. En exprimant une réelle indifférence à l’égard de ce que nous traversons, le désert apparait comme un outil métaphorique qui traduit de manière saisissante la nécessité à laquelle nous sommes confrontés : tenir dans l’adversité ».

 

La programmation :

Le 10, 11 et 12 mars

SALLE PRINCIPALE
Francis Alÿs – When Faith Moves Mountains (2002)
En collaboration avec Cuauhtémoc Medina et Rafael Ortega

Pour cette performance collective, Francis Alÿs a réuni cinq cent Péruvien·ne·s, invité·e·s à déplacer une dune de sable avec des pelles. Ce geste absurde voué à l’échec met à mall’acte créateur singulier dont la puissance est assumée au sein du Land Art tout en faisant résonner le contexte politique du pays. L’action a en effet eu lieu deux ans après la fuite d’Alberto Fujimori au Japon face aux tensions sociales générées par son troisième mandat anticonsti- tutionnel. Ainsi, l’artiste offre une sculpture éphémère, impossible à reconnaître dès le lendemain, comme indice des efforts immenses que le travail démocratique demande.

SECONDE SALLE
Ali Cherri – The Digger (2015)

Dans le désert de Sharjah, un homme vit seul au sein d’un site archéologique dont il assure l’entretien. Sultan Zeib Khan lutte inlassablement contre le temps pour préserver la nécropole néolithique de la ruine. Depuis vingt ans, il répète les mêmes gestes face aux traces ancestrales d’une existence qu’il semble partager par-delà les siècles.Loin des musées et de leur prétention idéale à l’éternité,

The Digger sait que tout est affaire de durée.

SALLE DE PROJECTION
Ibrahim Shaddad – Al Habil / The Rope (1984)

Deux hommes aveugles traversent un désert escarpé, atta- chés par une corde à un âne. Cette situation allégorique devient une véritable expérience cinématographique où le vent apparait comme le seul et unique compagnon de ce voyage improbable. L’animal et les hommes ouvrent la marche alternativement, sans autre but que d’avancer. Cette dérive jusqu’à l’exténuation prend alors une forme archétypale, comme une alternative africaine au mythe grec de Sisyphe.

Le 13, 16 et 17 mars

SALLE PRINCIPALE
Abdullah Al Othman – Sound Carving (2020)
En alternance avec :
Francis Alÿs – When Faith Moves Mountains (2002)
En collaboration avec Cuauhtémoc Medina et Rafael Ortega

Au cœur du Jebel Tuwaiq, Abdullah Alothman se filme au sein d’un cercle dessiné par des micros qui captent le vent du désert saoudien. À travers une ellipse qui mêle l’aube et le crépuscule, l’artiste se confronte aux éléments et au temps dans un geste performatif, renouant avec une perspective romantique. L’individu est inscrit dans une immensité à laquelle il est lié par l’énergie traversant le monde. Le souffle capté dans toute sa puissance devient ainsi une ode à la vie qui s’énonce dans les conditions extrêmes.

SECONDE SALLE
Ahaad Alamoudi – NIUN (2018)
En collaboration avec Michael Mogensen

Deux extraterrestres à l’apparence humaine se retrouvent dans le désert pour fonder une nouvelle civilisation dont les piliers sont l’énergie, l’eau, la mobilité, la biotechnologie, le divertissement, la technologie et la fabrication. Sur les traces du physicien perse Zakaria al-Qazwini, à l’origine de la première nouvelle de science-fiction arabe au XIIIe siècle, l’artiste saoudienne Ahaad Alamoudi propose avec la complicité de l’américain Michael Mogensen une fable malicieuse où le futur apparait comme une machine spé- culative débridée capable de décrypter les rêves de notre présent capitaliste.

SALLE DE PROJECTION
Larissa Sansour – A Space exodus (2009)

Larissa Sansour rejoue ici le premier pas sur la Lune par Neil Armstrong dans le contexte de la mission spatiale Apollo 11. En plantant le drapeau palestinien sur cette mer de la Tranquillité fictive, elle affirme avec force la nécessité d’une reconnaissance mondiale de la souveraineté de l’État, juste après la guerre de Gaza. Elle détourne la musique de Richard Strauss, Ainsi parlait Zarathoustra, utilisée par Stanley Kubrick en introduction à 2001 l’Odyssée de l’espace pour donner une ampleur toute ironique à ce rêve qui tient d’une aventure épique.

Le 18 et 20 mars

SALLE PRINCIPALE

Paz Corona – Atacama (2020)
En collaboration avec Pablo Jomaro
En alternance avec :
Francis Alÿs – When Faith Moves Mountains (2002)
En collaboration avec Cuauhtémoc Medina et Rafael Ortega

Au Chili, le désert d’Atacama servit de camp de concentra- tion durant la dictature de Pinochet. Au milieu des ves- tiges archéologiques, on y trouve ainsi des ossements de personnes disparues durant ces années sanglantes. En octobre 2019, à 4700 mètres d’altitude, Paz Corona dis- perse du sel trouvé sur le bord de la route pour tracer un nœud de Möbius comme la possibilité de faire ressurgir tous ces corps effacés. Tourné en super 8, le film qui documente sa performance montre le geste dérisoire mais nécessaire face à l’immensité de la douleur et du territoire.

SECONDE SALLE
Bing & Ruth – The Pressure of this Water (2020)
Réalisation : Michael Speed

Des vues aériennes appartenant au domaine public sont associées à la musique minimale de David Moore pour produire une forme hypnotique qui se place dans la lignée des compositions de Philip Glass ou Max Richter. Les formes géologiques de plusieurs déserts traduisent une abstraction que les boucles du piano électrique renforcent avec la répétition mélodique, comme des nappes de drones. Dans ce clip vidéo, la Terre se transforme en planète Mars sous l’effet de la musique, telle l’évocation ultime d’un monde sans eau, d’un monde sans vie.

SALLE DE PROJECTION
Malena Szlam – Altiplano (2018)

Au nord du Chili et de l’Argentine, s’étend l’Altiplano, l’une des plus hautes régions du monde où canyons, salines et désert constituent un étrange biotope. Malena Szlam capte en pellicule ce monde vibrant dont les détails et les lumières se fondent les uns dans les autres à la faveur des surimpressions. Les échelles s’échangent et ouvrent sur une temporalité minérale, où la matière filmique saisit un univers de radiations, un monde cosmique, étranger à l’homme.


«La Quinzaine de la Vidéo »
Du 10 au 20 mars 2021.
Galerie Imane Farès
41 Rue Mazarine, 75006 Paris
Ouvert du mardi au samedi, de 10 à 17 heures.
https://imanefares.com

 

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