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Galerie Beaurepaire : Maurice Bidilou, dit « Pellosh » : Flash B(lack) du Congo

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L’exposition qui se tiendra à la Galerie Beaurepaire à Paris est une première pour Maurice Bidilou, dit « Pellosh » qui ouvrit son studio à Pointe-Noire fin 1973 et dont les négatifs n’avaient jusqu’à présent, jamais quitté le Congo.

De 1973 jusqu’au milieu des années 90, Pellosh voit défiler dans son studio, toutes les strates de la société : la fine fleur ponténégrine, des familles, joyeux drilles, sapeurs, travailleurs, couples d’amoureux, tous désireux de se faire tirer le portrait.

Initiée par Emmanuèle Béthery qui depuis plus de 15 ans, met en lumière des artistes hors circuits, l’exposition fait un focus sur les années 70-80, empreintes d’espérance et de gaieté, en cette période bouillonnante de l’indépendance acquise.

La cinquantaine de clichés sélectionnés avec rigueur et passion, ont été pris en brousse, dans les villages du massif du Mayombé, en studio et en extérieur à Pointe-Noire; Ils constituent un témoignage exceptionnel de ce que fût la société congolaise après la colonisation et révèlent la patte unique et sensible d’un portraitiste de talent, doté d’un regard bienveillant et généreux.

C’est fin 2019, qu’Emmanuèle Béthery, croise pour la première fois la route de Pellosh à Pointe Noire et est immédiatement conquise par sa personnalité et les photos jaunies et dentelées qu’il lui présente comme autant de témoins fragiles et émouvants d’une époque joyeuse et révolue. Elle revient rapidement au Congo, munie d’un négatoscope et exhume en compagnie de Pellosh, dans la moiteur d’une énième saison des pluies, des montagnes de boîtes Kodak rongées par l’humidité, contenant des milliers de négatifs 6×6 : surgissent alors du passé des cohortes de visages, jeunes et moins jeunes, des regards d’amoureux, des visions incroyables de sapeurs… Persuadée d’avoir réveillé du passé des pépites artistiques et historiques, Emmanuèle Béthery rentre à Paris et commence alors pour cette « dénicheuse de talents », tel qu’elle aime à se définir, un long travail de restauration, d’archivage et de sauvegarde des négatifs retrouvés dans le studio, parfois grignotés par les termites et souris et soumis aux rigueurs du climat tropical depuis plus de 40 ans.

 

Maurice Bidilou, dit Pellosh est né le 15 août 1951 à Bouansa dans le Sud du Congo-Brazza et devient à 20 ans, apprenti-photographe à Pointe-Noire.

Durant 20 mois, il apprend les clés et ficelles du métier et se forme à la lumière, aux ombres, aux nuances, aux clairs-obscurs : une passion est née à laquelle il consacrera sa vie entière.

En 73, Pellosh commande en France son premier boitier, un 6×6 Yashica et devient photographe ambulant, dans le massif du Mayombé.

De village en village, il propose ses services de photographe et œuvre la nuit dans les cases des chefs, pour développer ses films à la lueur d’une lampe à pétrole.

En moins d’un an, ses économies lui permettent d’ouvrir son studio à Pointe-Noire le 17 décembre 1973, à une encablure du grand marché. Très rapidement, le succès est au rendez-vous et en dehors des traditionnelles photos d’identité, le studio « Pellosh » devient le lieu réputé et incontournable où se pressent familles, couples, amis et sapeurs, souhaitant fixer sur la pellicule, bonheur et/ou attributs de réussite. Le soir, Pellosh arpente bars, dancings et concerts et se mêle à la jeunesse éprise de liberté.

C’est qu’il a l’œil Pellosh pour saisir cette génération !

Au Congo, la Sape qui est à la fois le vêtement et l’acronyme de la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes, est une vielle passion et chaque période eut ses sapeurs célèbres dont s’inspire la jeunesse.

Dans les années 70, la Sape est en plein boum et la clientèle ponténégrine aspire à des clichés-souvenirs très étudiés que l’on destine à ses proches et dont on peut commander des agrandissements : une forme de dandysme à la congolaise.

Les prises de vue deviennent alors composées d’accessoires symboliques de richesse (transistor, solex, vespa) et/ou de beauté (sac, lunettes, chapeau) et les lumières artificielles permettent des prises de vue, de jour comme de nuit.

L’obédience majoritairement chrétienne du Congo a favorisé l’infinie liberté d’action de Pellosh qui a ainsi immortalisé des couples s’embrassant, des amis buvant de la bière au goulot : autant de clichés impensables dans des pays plus radicaux en matière de religion.

À partir de 1990, la disparition sur le sol congolais, des produits de développement et tirage N&B, puis l’apogée du numérique dix ans plus tard, signent la fin inéluctable de son studio.

Pellosh persiste pourtant jusqu’en 2016, puis tire définitivement le rideau sur une carrière longue et dense de plus de 4 décennies.

Aujourd’hui âgé de 69 ans, Pellosh vit dans les faubourgs de Pointe-Noire, entouré de ses appareils-photos devenus obsolètes, d’éléments de décor de son ancien studio et de dizaines de boîtes de négatifs et de photos.

 

Maurice Bidilou, dit « Pellosh » : Flash B(lack) du Congo

31 mai – 6 juin 2021

Galerie Beaurepaire

28, Rue Beaurepaire

75010 Paris

www.espacebeaurepaire.com

Instagram: @studiopellosh

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