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Frédéric Faure – Taquins de Millennials

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La génération Y regroupe l’ensemble des personnes nées entre 1980 et le début de l’an 2000 et sont appelés les millennials. Ces idéalistes pragmatiques sont au tournant de leur vie, quittant le cocon de leur enfance et entrant dans les tourbillons du monde adulte.
Sur ces photos, ils nous regardent fixement. Nettement. Ils laissent derrière eux un flou prononcé, cette société que nous leur laissons. Malgré notre impossibilité à leur expliquer comment nous en sommes arrivés à ce flou, voire ces aberrations, ils n’expriment pas de crainte, pas de dégoût. Au pire de la taquinerie, des interrogations. A juste titre puisque la vie qui se présente devant eux est autant incertaine que le monde qu’on leur laisse est incohérent.
Les générations passent, la rengaine demeure : “c’est à eux de construire le futur”. Avec quelles armes ?
Avec nos valeurs de liberté, de fraternité et d’égalité que des politiciens manipulateurs assoiffés de pouvoir ont travesties en épouvantails du péril de la différence pour cacher leurs erreurs?
Par nos logiques de consommation au travers desquelles nous ne voulons pas voir que nous dévorons et ravageons la nature au delà de nos frontières grâce à des états permissifs en attente de je ne sais quelles armes ou de quels avions de notre part.
Ou alors par l’engagement au travail, dont la promesse était l’épanouissement individuel et la solidarité collective – promise par Durkheim sous le terme solidarité organique – , et que l’extrémisme capitalistique a  nonchalamment converti en un dumping social, forme d’esclavagisme industrialisé et concurrentiel mondial épuisant les ressources individuelles et conduisant au protectionnisme.
Heureusement, malgré ce lourd baguage que nous leur léguons, voire leur ayant appris, ils se cherchent. Il s’interrogent. Ils se construisent. Ils balancent entre continuer notre œuvre funèbre et la déconstruire pour en recréer une nouvelle.
Le jeu de taquin est la métaphore de leur construction personnelle. Sam Loyd, mathématicien du XIXème ayant popularisé ce type de puzzle, affirma qu’il avait « rendu le monde entier fou » avec un taquin modifié.  En effet, il est prouvé que parmi toutes les dispositions initiales, il existe autant de dispositions dont la résolution est possible et autant d’impossibles.
Les photos présentées ici interrogent la complexité de la création d’un nouveau paradigme qu’il s’ouvre à eux mais aussi leur incertitude à réussir cette construction personnelle qui leur permettra de relever les défis du futur.
Y arriveront-ils ? Nous l’espérons tous.
Comme chaque génération a mis ses espoirs dans la suivante pour construire un monde meilleur.

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