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Fred Stein, L’inconnu aux 1200 portraits

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Années 35/37 : les photographes de l’avant-garde sont tous réunis pour des expositions à la célèbre galerie de la Pléiade : Brassaï, Man Ray, André Kertesz, Henri Cartier- Bresson et… Fred Stein. Un inconnu. Et pourtant ce photographe qui dès 1933 avait fui l’Allemagne, rejoignant ainsi le couple Capa et Gerda Taro, ne se séparait jamais de son Leica. Il a vécu, travaillé et partagé l’intimité de ceux qui furent et restent les plus grands intellectuels, penseurs, artistes, poètes, musiciens et écrivains du vingtième siècle. Ils étaient aussi la conscience morale, manifestant le refus d’un monde qui voyait de sombres nuages porteurs d’intolérance et de fascisme se former sur l’Europe. De Paris (capitale de la culture) à New York (la grande métropole futuriste symbole de liberté). Fred Stein, dont les premières pellicules furent consacrées à André Malraux ou Arthur Koestler, poursuivit inlassablement son travail de portraitiste de ces illustres figures, pour la plupart réfugiés juifs, dans le sillage d’Hannah Arendt.

Le musée du Montparnasse présente ainsi 100 de ces portraits de l’exil, inédits en France. On reste abasourdi devant ces visages qui fixent l’objectif et l’étendue de savoir, de talent, de génie qu’ils représentent. Des pans entiers de notre culture européenne. Alors, on va citer des noms dans le désordre : Hannah Arendt bien sûr à plusieurs moments de sa vie, Bertolt Brecht, Arnold Schoenberg, Marc Chagall, Alexandre Calder, Robert Capa, Max Ernst,Walter Gropius,Hermann Hesse, Aldous Huxley, Arthur Koestler Thomas Mann, Ludwig Marcuse, Darius Milhaud, Boris Pasternak, Tristan Tzara, Joseph Von Sternberg, Marlene Dietrich, Pablo Neruda, Albert Einstein etc…..Le travail de Fred Stein est discret, presque humble. Juste le visage, le regard, pas « d’effet de style », parfois un plan plus large pour découvrir une attitude, des mains. Et des raretés : de ceux dont on ignorait les traits à cette scène de bonheur de l’instant, à une terrasse de café parisien, qui réunit Capa et Gerda Taro. Laquelle, devenue à son tour photographe, fut tuée au cours d’un reportage sur le front espagnol en 1937.

Fred Stein, curieusement, n’avait jamais été exposé en France alors que Paris fut son premier refuge. Un oubli réparé grâce à Jean Digne et au Musée du Montparnasse avec l’apport du fils de Fred Stein, Peter. Grâce aussi à Anne Egger commissaire de l’exposition, à qui l’on doit un très remarquable catalogue. Outre les 100 portraits, les textes biographiques les accompagnant, on pourra lire une étude de Barbara Cassin sur Hannah Arendt, un texte de Françoise Balibar, un autre d’Alain Badiou qui rappellent un contexte et remettent ces photos en situation, donnant ainsi plus de force à ce témoignage iconographique exceptionnel.

Paul Alessandrini

Fred Stein, Portraits de l’exil. Paris-New York
Jusqu’au 26 novembre

Musée du Montparnasse
21, avenue du Maine
75015 Paris

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