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Fondazione MAST : Image Capital, du potentiel capitaliste de la photographie

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Avec l’exposition Image Capital, la Fondazione Mast à Bologne met en lumière un aspect moins exploré de la photographie, celui de sa valeur économique en tant que technologie de l’information.

Utilisée comme vecteur de l’information, l’image photographique acquiert une valeur fonctionnelle dont les usages pratiques deviennent illimités et offrent un large potentiel de capitalisation. En tant que système de création, d’archivage, de protection et d’échange d’informations visuelles, l’image représente une ressource pouvant être utilisée dans différents contextes capitalistes. Partant de cette idée, Image Capital examine ces multiples applications de la photographie au sein de différents processus de production tels que la science, la culture et l’industrie.

Aboutissement d’un long projet de recherche mêlant art et science, l’exposition a été rendue possible par l’étroite collaboration de lhistorienne Estelle Blaschke et de lartiste Armin Linke, emmenée par le commissariat de Francesco Zanot. Construite sans hiérarchie de lecture particulière afin d’offrir une expérience immersive au visiteur, elle a été pensée « à l’image d’un jardin dans lequel le visiteur pourra flâner comme il le ferait dans un jeu vidéo ou sur internet ».

Au fil des salles, des images darchives dialoguent avec les créations dArmin Linke dans une mise en regard appuyée par les textes éclairants dEstelle Blaschke. Les différentes applications de la photographie sont analysées à travers six grand thèmes — la mémoire, l’accès, le mining, l’imagerie, et la monnaie — en commençant par retracer leur histoire pour finalement explorer les technologies les plus récentes.

À l’origine, la photographie fut d’abord considérée pour sa vocation mémorielle, qui permet de collecter et stocker des informations, comme une extension de la mémoire humaine. Kodak l’a rapidement compris et nous enjoint, dans une publicité pour le Recordak, à en faire l’acquisition : « Si vous n’avez pas de mémoire photographique, achetez-en une. »

Cette mémoire est une source d’information inestimable pour la technologie, à condition que l’image soit associée à un texte qui la décrit, permettant ainsi aux machines d’emmagasiner et organiser les informations visuelles produites par la photographie. Les images deviennent des surfaces visuelles remplies de données. C’est le concept des métadonnées.

L’exposition révèle ensuite comment ces données générées par les images sont devenues de précieux capitaux pour les entreprises, devant à tout prix être protégés. Une problématique née au XXe siècle, comme l’indique un cliché de l’entrée d’Iron Mountain, une infrastructure de stockage gérée par Eastman Kodak. Cette « mine d’information visuelle »  peut être considérée comme l’ancêtre du serveur.

Le Data mining est un autre processus pour lequel la photographie joue un rôle crucial, catalyseur, pour les machines. L’exemple, photographié par Armin Linke, d’un robot capable, grâce à l’absorption d’un nombre incalculable d’images, de reconnaitre les tomates mûres afin de les cueillir, est édifiant. Ici, la quantité l’emporte sur la qualité. Plus une machine avalera d’images, plus elle sera précise.

La photographie en tant que système d’imagerie alimente des technologies de plus en plus évoluées. Tandis qu’à ses débuts elle était louée pour sa capacité à aller au-delà de l’œil humain, elle permet aujourd’hui le développement de techniques de modélisation numérique tel que le rendu 3D et participe ainsi à la transformation de notre expérience de la réalité.

Le potentiel de la photographie est sans mesure. Il semble inévitable qu’elle soit devenue une forme de capital. L’exposition poursuit cette réflexion autour de la capitalisation des images en constatant le transfert de valeur provoqué par l’arrivée du digital et des métadonnées : « Les données générées par une image, conclut Estelle Blaschke, sont devenues aussi précieuses que les images elles-mêmes. »

Grâce à sa scénographie ingénieuse, des exemples visuels percutants mis en regard à travers des textes à la fois précis et intelligibles, Image Capital retrace avec brio les tenants et aboutissants de ce sujet complexe, nous interpellant sur un aspect moins connu de la photographie, qui pourtant domine notre quotidien : « Chaque objet a été photographié, chaque partie de chaque objet que nous possédons à été photographié. Nous vivons dans un monde qui a déjà été vu à travers une machine. Cela est crucial lorsque l’on pense à la photographie d’aujourd’hui et de demain. »

 

Image Capital
Une exposition de Francesco Zanot
Du 22 septembre 2022 au 08 janvier 2023
Fondazione Mast
Via Speranza, 42,
40133 Bologna BO,
Italie
https://www.mast.org

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