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Florent Chretien – 5

Preview

Je m’appelle Florent Chrétien, 5e du nom, puisque que cela fait cinq ans que je mets en scène ma résurrection.
Ces images sont toutes composées sans trucages, photographiées sans retouches. Ce sont des autoportraits, pour la plupart réalisés seul, avec le retardateur de l’appareil photo.
Ce sont des performances éphémères. Je mets en scène mon propre corps, pour communiquer mes recherches en sociologie.
Je travaille sur le rapport au corps. Je questionne le corps, plus particulièrement la transmission des marqueurs sociaux, des croyances et des symboles. J’analyse la place de la religion, la transmission du geste, ou encore la notion d’espace architectural dans nos modes de vie.

  1. Corpus Dei ✝︎©

Mise en scène corporelle des symboles religieux.
Ma résurrection a lieu chaque année comme un rituel, pour mon anniversaire. Il est suivi d’un adoubement, modifiant ainsi la numérotation de mes “successeurs”.
Je m’approprie les symboles religieux. J’incarne l’image du Christ, questionnant ainsi la place du religieux dans notre société.

  1. 5ive Meters Later

Mise en scène et incrustation du corps dans l’architecture.
Le corps et l’espace sont deux constructions sociales. L’architecture structure notre environnement et cadre notre existence. Le corps est, quant à lui, marqué par les normes de notre culture.
Ainsi je m’incruste dans l’architecture, pour libérer l’espace par le corps.
Cadre théorique
Introduction
Considérons deux faits sociaux : le corps et l’espace, au sens donné par M. Mauss dans « Les techniques du corps.”1. Le corps et l’espace sont tous deux des éléments structurés par les groupes d’hommes. Ce sont des phénomènes qui ne peuvent être observés en dehors de leurs logiques sociales et collectives.

Le corps est une construction sociale. Il est continuellement mis en jeu dans notre quotidien. Il est le support de nos expériences, incarnant et cristallisant les normes de notre culture. La façon de s’habiller, de se maquiller, de se mouvoir, de s’habiller, de se coiffer est propre à notre culture. On ne bouge pas notre corps de la même manière selon nos expériences de vie (jardiner, faire du sport, cuisiner, peindre…). Notre corps, nos mouvements sont marqués par notre socialisation.

L’espace est également une construction sociale. Les notions d’architecture, de territoire, structurent notre espace, lui donnant un cadre, une fonction. Nous organisons notre espace en fonction des besoins, des matériaux disponibles, de l’esthétique de la société dans laquelle nous nous trouvons. Le corps ne peut pas s’y mouvoir de la même manière et est contraint dans sa gestuelle. L’espace, intimement lié à la construction du rapport au corps, structure la gestuelle humaine.

Le corps est indissociable de l’espace. Nous pouvons alors photographier cette synergie, en incrustant un corps dans l’architecture.

Concepts
L’hexis corporel2 est le résultat de l’appropriation des habitudes et normes corporelles d’un groupe social. Les activités corporelles ou activités sportives, participent à la construction du rapport aux corps. L’hexis est le marqueur social du corps. Nous pouvons donc voir et photographier cet hexis, c’est la plastique de notre corps, la silhouette, mais ce sont également les gestes et compétences physiques dont nous disposons.

L’incorporation3 est le fait d’apprendre, de saisir corporellement des gestes et des comportements. Le processus est inconscient. Ce peut être dans un cadre formel (un cours de danse) ou informel (socialisation familiale). Cette incorporation a un aspect automatique et sous-réflexif. Elle apparait comme la construction de routines ou encore dans des moments de mimétisme. L’incorporation est un processus inconscient de l’hexis.

L’intériorisation4 a une dimension plus consciente, plus flexible. Elle est soumise à la volonté de l’individu qui effectue des choix, de mode de vie ou de pratiques physiques. Il oriente ainsi sa motricité en développant certaines capacités physiques. Ces moments d’apprentissages définissent la biographie physique de chacun. L’intériorisation est un processus conscient de l’hexis.

Les dispositions5 sont le produit des expériences socialisantes qu’accomplit un individu. Le contexte dans lequel un individu gravite a un rôle dynamique de transfert des savoirs physiques. Les dispositions sont l’ensemble des possibilités que chacun peut apprendre, ou transmettre. Ce sont les potentialités de comportements d’un individu, issues de l’incorporation et de l’intériorisation.

Les affordances6 sont les possibilités d’actions d’un individu sur un objet ou un environnement. Cela sous-entend deux choses : l’objet suggère certaines utilisations et l’individu a des potentialités d’actions. Ce sont les propriétés d’un environnement qui rendent certaines actions possibles à un individu. Ainsi une chaise représente un obstacle pour un enfant, une assise pour un adulte, un support d’équilibre pour un circassien.

Ces processus et ces marqueurs du corps sont observables. Il nous est possible de jouer avec, de les mettre en scène, puis les photographier.

 

Bibliographie

1 Mauss Marcel, Les techniques du corps, 17 mai 1934.
2 Bourdieu Pierre, Le sens pratique, Paris, Minuit, 1980.
3 Faure Sylvia, Apprendre par corps, Paris, La Dispute, 2000.
4 Sauvageot Anne, L’épreuve des sens, Paris, P.U.F., 2003.
5 Lahire Bernard, L’homme pluriel, Paris, Nathan, 1998.
6 Gibson J. J., The Theory of Affordances, R. Shaw and J. Bransford, 1977.

 

www.florentchretien.com

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