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Fifty One : Katrien De Blauwer : she won’t open her eyes

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Dans sa troisième exposition personnelle à la Gallery Fifty One, Katrien De Blauwer (Belgique, 1969) emmène le spectateur dans un voyage entre rêve et réalité. Avec she won’t open her eyes (elle n’ouvrira pas les yeux ), l’artiste ajoute à son œuvre une remarquable série de concepts, remplie d’expérimentations formelles qui marquent un changement dans son imagerie.

L’œuvre de Katrien De Blauwer est toujours en partie autobiographique. Bien qu’elle utilise du matériel tiré de magazines vintage et le transforme en images anonymes et universellement reconnaissables en découpant les visages, elle rassemble et s’approprie cette imagerie trouvée dans un nouveau récit très personnel qui est loin de son sens originel. Créé de manière spontanée et intuitive

– principalement guidée par ses propres émotions – les photomontages de De Blauwer dépeignent son histoire et ses souvenirs personnels. De la même manière, la série « Elle n’ouvrira pas les yeux » trouve ses racines dans une expérience personnelle, née à une période où l’artiste a connu un manque de sommeil et a commencé à réfléchir sur le concept de sommeil et de rêve. Un livre qu’elle lut à l’époque – ‘The House of the Sleeping Beauties’ (1961) de l’écrivain japonais et prix Nobel Yasunari Kawabata (1899-1972) – deviendra finalement le point de départ de cette nouvelle exposition.

Le roman raconte l’histoire du vieil homme Eguchi et ses visites dans une maison où il peut passer la nuit allongé à côté d’une jeune fille endormie. Les descriptions des actions d’Eguchi alternent avec les rêves qu’il fait dans son sommeil. L’innocence et la virginité juvénile des jeunes filles endormies contrastent avec le vieil homme expérimenté, qui lutte avec ses souvenirs et son âge. Tout comme Eguchi rencontre une jeune fille endormie différente à chaque visite qu’il rend à la maison mystérieuse, De Blauwer invite le spectateur au rez-de-chaussée de la galerie à entrer dans plusieurs pièces, chacune contenant une ou plusieurs « Belles au bois dormant » entourées de leurs rêves. Ce faisant, elle déplace le centre de l’histoire du point de vue des jeunes filles (endormies) au lieu de celui du vieil homme. Le dormeur est physiquement présent mais mentalement absent, se retrouvant dans un autre temps et réalité. La lune s’assombrit sur elles, avec une présence rassurante mais en même temps inquiétante. La beauté et la sensualité des jeunes filles endormies – avec leurs épaules nues, leurs mains élégantes et leurs lèvres silencieuses, si caractéristiques de l’œuvre de De Blauwer – contrastent avec leurs rêves cauchemardesques souvent dérangeants et déstabilisants. Dans ce dernier, mouvements et scènes de nature réconfortantes (animaux, montagnes, oiseaux, mer, …) S’il est difficile d’appréhender la zone crépusculaire éphémère d’un rêve où tout s’efface et se mêle, De Blauwer réussit avec brio à en faire une imagerie saisissante.

Alors que les « Fake Polaroids » à l’étage supérieur de la galerie se concentrent sur des fragments de rêve séparés et rappellent au spectateur les compositions épurées pour lesquelles De Blauwer est connue ces derniers temps, les rêves du rez-de-chaussée sont composés de plusieurs fragments. Conformément aux différentes étapes du sommeil, ils se rejoignent dans un récit quelque peu confus et orageux qui invite le spectateur à regarder attentivement pour appréhender l’histoire. La manière dont plusieurs fragments d’images provenant de différents contextes sont réunis dans un tout narratif rend les Rêves très cinématographiques. Les références au cinéma sont toujours présentes dans l’œuvre de De Blauwer. Non seulement à cause de l’atmosphère de nouvelle vague qui imprègne son travail, mais aussi à cause de la manière dont – comme un photographe ou un réalisateur – la « coupe » de ses ciseaux détermine ce qui reste visible d’une certaine scène. Avec cette technique – similaire à celle du photomontage ou du montage cinématographique – l’artiste crée une sorte d’événement hors champ, découpé hors du cadre mais toujours tangible, provoquant un sentiment aliénant de vide et de séparation. Enfin, le montage de plusieurs images a aussi une forte affinité avec les « cahiers » que l’artiste a conservés depuis son adolescence. Remplis d’images diverses – et de fragments de texte et de citations tirés de livres, de journaux et de magazines, les carnets sont un enregistrement des recherches en cours de De Blauwer. Ils rassemblent diverses influences de la littérature, de l’art, de la musique, de la mode, etc. qui finissent par se répercuter dans son travail. Un exemple d’un tel cahier sera présenté dans l’exposition.

 

Katrien De Blauwer : she won’t open her eyes

Jusqu’au 29 janvier 2022

Gallery Fifty One
Zirkstraat 20
B – 2000 Antwerpen

www.gallery51.com

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