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Festival photo de Łódź : Michalina Kacperak : enfance salvatrice

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Présenté aux lectures de portfolios du festival photo de Łódź en Pologne, ce travail d’une jeune photographe du pays souligne avec délicatesse la puissance des univers d’enfants, remparts à toutes blessures.

Comment l’enfance invente sans cesse des pistes pour échapper à la noirceur du monde et transforme par la puissance de l’imagination des exutoires tangibles et beaux… Les murs rose de la chambre de la petite sœur de la photographe Michalina Kacperak témoignent que demeure toujours de la couleur même dans les plus sombres moments. Chez elle, c’est l’alcoolisme qui a atteint la figure paternelle et rend, dans ce contexte, la vie des enfants difficiles à vivre. En prenant de la distance avec sa famille, l’artiste a vu combien sa petite sœur était à présent exposée à ce qu’elle-même avait vécu plus tôt et a songé à souligner l’imaginaire débordant de cette dernière en une muraille contre les aspects les plus tristes de l’existence.

Entre les quatre murs de sa chambre apparaissent ainsi sous forme de métaphores personnifiées par des dessins, des mots, des images et des jouets d’enfants ce que la dureté du réel provoque chez une fille de douze ans. Pendant près de six mois, la photographe a capté le monde de sa sœur et tenté, avec elle, d’inventer des mises en scène disant à la fois la douceur des émotions intimes et la rudesse de ce climat familial. « J’ai souhaité travailler avec le souvenir de mon enfance, mais aussi avec l’enfance qu’est en train de vivre ma sœur. Je lui ai parlé du projet bien sûr, et même si je ne suis pas sûr qu’elle comprenne tout le contexte qu’il y a autour, je sais qu’elle comprend ce qui se passe chez nous. Si elle ne se sentait pas à l’aise avec mon idée, j’arrêterais tout de suite. », témoigne l’artiste et d’ajouter : « Je crois que c’est une forme de thérapie pour elle et moi ». Le projet n’est d’ailleurs pas terminé et elle réfléchit en ce moment à ses nouvelles formes futures.

Pour la première exposition de ce travail en Pologne il y a quelques mois, Michelina Kacperak a proposé à sa sœur de venir dessiner au crayon de couleur autour d’une photographie accrochée sur une cimaise blanche. Ainsi, elle s’est mise à prolonger certains dessins de l’image, à ajouter ici ou là une figure de son monde d’enfant. « Pour moi, c’était très important qu’elle dessine en dehors de sa chambre, qu’elle puisse affirmer son imaginaire devant le reste du monde », souligne la photographe avec beaucoup d’émotions dans la voix.

Jean-Baptiste Gauvin

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