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Festival Phemina : Valérie Simonnet : La Tentation de la Chair

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Je suis tombé amoureux de ces images. Elles sont de Valérie Simonnet et seront exposées dans le cadre du Festival Phemina qui se tiendra du 10 au 18 octobre au théatre municipal de Fontainebleau. Elles sont accompagnées de ce texte d’Ariane Monod.

Jean-Jacques Naudet

 

Une série de nus féminins entre peinture et photo dans un intrigant et délicat entre-deux.

Valérie Simonnet a proposé à des femmes d’aujourd’hui de choisir des tableaux anciens et d’entrer dans leur décor.

Au premier regard on reconnait des nus célèbres. Mais très vite on s’étonne et on n’a plus d’yeux que pour les femmes qui les habitent. Car ce sont des femmes bien vivantes qui se sont voulu Olympia ou Vénus. Par le jeu de la surprise et du réalisme photographique elles sont plus présentes dans le tableau qu’elles ne le seraient dans un décor banal. Nudité mise en exergue par ce qui devait la voiler. Elles revendiquent le jeu de la nudité, comme l’artiste celle de l’ambiguité photographique, protégées qu’elles sont par le décor et parfois la trame de l’œuvre. L’artiste donne au spectateur l’occasion, devant la chair soudain vivante du tableau, de questionner le prétexte de la nudité. La diversité des styles comme gage d’universalité du propos.

Pour ces femmes, dont ce n’était pas le métier, le tableau fut à la fois un masque et un révélateur. Un masque, posé sur une identité, des pudeurs, des appréhensions et des doutes quand à soi. Un formidable révélateur de leur imaginaire, du plaisir, de la fierté à voir célébrer son corps et à choisir le décor de sa mise à nue. Naïve, mythologique, sensuelle ou symbolique l’œuvre choisie donnait le cadre et la limite, l’art comme déguisement du désir.

Ce qu’interroge en creux ce travail, c’est bien les modèles que notre société tend aux femmes, la merchandisation du nu, son conformisme et les traumas sur l’image de soi qu’elle génère. Cette série nous montre que d’autres modèles y compris de technique photographique existent plus porteur de réalisation, de diversité, de gratification mais surtout de célébration. Le nu est le centre, le pourquoi de l’image et non un accessoire de commercialisation.

« C’est en travaillant sur les œuvres choisies que j’ai pris conscience que les femmes iconiques qui y figurent et dont on ne perçoit qu’à peine la nudité, étaient de chair et de sang comme les femmes pleines de pudeur, devant mon appareil, et que la trame peinte du tableau mettrait à l’abri ces dernières des effets prédateurs de la consommation et de son bras armé la photographie. »

Ainsi, malgré la rupture formelle proposée ici, nous ne sommes pas si loin des précédents travaux de Valérie Simonnet, photographe urbaine, incessante arpenteuse, traqueuse, chasseuse de notre monde dans ses réalités grises.

C’était déjà les mêmes dénonciations dans ces précédentes expositions « La rue parle » , « Moderne solitude », « Dissolution urbaine » jusqu’à son dernier travail « Défaites » dont les titres parlent d’eux-mêmes.

La dernière image de « défaites », un élégant corps nu se libérant d’une paire de menotte aurait dû nous alerter au lieu de nous intriguer par sa dissonance.

C’était bien de la tentation de St Antoine dont il s’agissait déjà.

Proposer à des femmes de se rêver dans un tableau cela impliquait pour la photographe de se rêver peintre. Travail en studio et plus dans la rue, fantasme du passage à travers le miroir, écoute du modèle et de ses désirs dans un hymne à l’histoire de la peinture. Revendication de la citation, de la chair et de la volupté, hommage au Beau, oubli du réel. Comme dans la tradition pictorialiste l’artiste refuse la simplification de la prise de vue et les diktats des écoles photographiques pour nous livrer des images très travaillées, indécises, entre photographie et peinture. Les très beaux tirages mats et veloutés sur papier gravure accentuent encore l’ambigüité picturale.

« Peindre ou photographier » c’était la question de Stieglitz en 1901 dans « Caméra Work » c’est encore celle de Valérie Simonnet photographe et copiste qui choisit de ne pas choisir.

Valérie Simonnet expose depuis 2008.

 Ariane Monod

 

Valérie Simonnet donnera une conférence intitulée « Peut-il y avoir un nu féminin ? » le 17 octobre à 17h dans le cadre du festival Phémina.

Contact : 06 06 42 98 87

[email protected]

www.simonnetvalerie.fr

 

Le festival se tiendra du 10 au 18 octobre 2020 à Fontainebleau.

Lieu d’exposition des photos
* La salle des fêtes du Théâtre municipal

lieu de la conférence
* Atelier de la nouvelle Médiathèque municipale

Entrée gratuite

La semaine de 10:30 à 12:30 / de 14:00 à 19:00

le Week-end : de 9:30 à 19:00 Nocturne les samedis jusqu’à 22:00

Fermé le lundi 12 et mardi 13/10

Plus de 30 exposants de toute la France et au-delà, des centaines d’images, conférences, ateliers, lecture de Portfolio, animations

www.croisonsnosregards.fr

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