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Festival Champs/Contre-champs: Vivre avec les bêtes

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Pour la septième année consécutive du festival Champs/Contre-champs, le Centre d’art GwinZegal de Guingamp propose de poursuivre l’exploration des représentations du monde rural, à travers un choix d’œuvres photographiques et vidéographiques issues de la collection du Centre national des arts plastiques.

« Pourquoi regarder les animaux ? » : dans un recueil d’essais, de récits et de poèmes, John Berger évoque la longue histoire des relations entre animaux humains et non humains, en rappelant combien, à l’heure de leur disparition, le destin des bêtes est lié aux activités humaines et subit les conséquences de la transformation du monde par son exploitation systématique. Cette histoire n’est pas seulement liée à la culture capitaliste, elle est aussi tissée de mythes et de sentiments, l’animal étant placé par l’humanité dans une altérité radicale. Avant d’être réifies à des fins alimentaires et productives, les espèces animales ont été dotées de dimensions magiques. Parce qu’elles sont à la fois si proches et si dissemblables des humains, ceux-ci ont fait en sorte d’oublier ce qui les rapprochait et les unissait dans une interdépendance.

Puisque les régimes de communication entre humains et non-humains ne passent pas par le langage articulé, c’est à travers les regards qu’ils échangent que se joue leur absolue inégalité. Ce vertige philosophique de l’interrogation du regard qui nous est adressé par les bêtes a ouvert les pages merveilleuses d’un texte majeur de Jacques Derrida : L’animal que donc je suis, qui propose de penser l’animalité de l’être humain.

Si le zoo est devenu le monument en lequel s’expose cette perte irrémédiable du lien entre deux formes d’animalité, humaine et non humaine, comme un lieu conservatoire des spécimens d’espèces en voie de disparition, ou déjà disparues de la vie dite sauvage – un musée des formes de vie animale non humaine en somme –, la ferme, l’exploitation agricole, est le lieu où perdure cette proximité.

À travers un ensemble d’œuvres photographiques, vidéographiques et sonores, de Malick Sidibé, Eric Poitevin, Marie-Noëlle Boutin ou encore Jef Geys, cette exposition propose une réflexion sur l’actualité des enjeux de la représentation des animaux. Au-delà du portrait d’animal, lui conférant une singularité plutôt que de le classifier comme un exemplaire représentatif d’une typologie, quelles sont les approches développées par les artistes aujourd’hui ?

Les raisons de regarder les animaux sont plus que jamais évidente – il y a une véritable nécessité de ce regard –, mais comment représenter ceux-ci aujourd’hui ? Comment reformuler dans le présent de ce monde que nous habitons ensemble les conditions de cette relation ? L’une des pistes explorées par les artistes est de tracer le récit d’histoires singulières, de faire resurgir des traditions oubliées, de donner une identité à l’animal, pour dévoiler la dimension sensible d’une coexistence.

 

Pascal Beausse  

Pascal Beausse est responsable de la collection photographie du Centre national des arts plastiques, à Guingamp.

 

Vivre avec les bêtes 
Du 31 mars au 27 mai 2018
Espace François-Mitterrand
1, place du Champ-au-Roy
22200 Guingamp
France

http://www.gwinzegal.com/

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