Rechercher un article

Facebook: Pauline Auzou –Photos de vacances

Preview

Vous avez vous-même lancé le compte à rebours quelques semaines auparavant en mettant à jour votre statut Facebook. « Tickets pour Bali ré-ser-vés ! » suscitant évidemment une pluie tropicale de commentaires et de « like » de vos amis transis de jalousie. Puis, nous avons suivi l’arrivée imminente du départ au fil des statuts qui décomptaient les jours tout en se remplissant de plus en plus de points d’exclamation. Le jour J, Facebook vous « géolocalisait » à l’aéroport. Ça y est, c’est les vacances ! Et qui dit vacances, dit photos de vacances.

Dans les années 1980, Richard Chalfen, professeur d’anthropologie à la Temple University de Philadelphie, a défini le concept de « Kodak culture » : la photographie, alors sur pellicule, est un moyen d’immortaliser des événements importants comme un mariage, une naissance ou des voyages, un outil qui permet de raconter aux autres mais aussi aux générations à venir des instants de notre vie. Aujourd’hui, les photos mises en ligne sont à la fois une pratique personnelle et un début de conversation. À peine les images postées sur notre page, qu’on épie qui va dégainer le premier le commentaire qui fera mouche sur notre portrait rougi par le soleil, les cocotiers en toile de fond. Ces commentaires sont en rapport avec ce qui se passe dans l’image, loin de toutes considérations esthétiques. On partage autour d’expériences communes, de façon ludique.

Avec l’avènement des appareils photos numériques et d’Internet, ce qui restait jusque-là confiné aux albums photos jaunis acquiert une toute nouvelle publicité. La mémoire familiale devient numérique. Pour peu que vous ne maîtrisiez pas bien les paramètres de confidentialité, et c’est tout le monde qui peut admirer les effets qu’a sur vous la Piña Colada.

Facebook est une plateforme dite en « clair-obscur » c’est-à-dire une zone de familiarité contrôlée : les utilisateurs y rendent publics des éléments parfois très personnels de leur vie quotidienne. Cependant, ils ont l’impression de ne s’adresser qu’à un réseau de proches et de contrôler ce qu’ils publient. On a le sentiment d’être entre soi. Dans quelques années, nos enfants auront-ils toujours nos vieux albums de famille à regarder ou iront-ils voir nos looks improbables et rétro des années 2010 sur ce qui reste de nos profils Facebook et autres plateformes de mises en ligne d’images sur le web ?

Pauline Auzou

Toutes les photos qui illustrent cette chronique ont été trouvées en surfant sur Facebook, en entrant des noms inventés au hasard, et prises dans des albums ouverts au public.

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android