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Émile Savitry, Photographe de Montparnasse

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L’Académie de peinture de la Grande Chaumière, les cafés du Dôme, la Rotonde et la Coupole, les ateliers d’artistes où posaient des modèles nus, le boulevard Edgar Quinet et les boîtes de jazz : c’est au cœur de Montparnasse qu’Émile Savitry (1903-1967) a entamé sa carrière de peintre, développé celle de photographe, fréquenté ses amis sculpteurs, peintres, poètes, musiciens.

Son œuvre ravive « les heures chaudes de Montparnasse », où une ébullition artistique et amicale prenait racine dans l’atmosphère enfumée des cafés du carrefour Vavin. On y aperçoit Alberto Giacometti, Victor Brauner, Anton Prinner que Savitry a photographié dans l’intimité de leurs ateliers, Samuel Granowski qu’il saisit au zinc de la Rotonde, Pablo Neruda et Paul Grimault au bar de la Coupole…

En 1929, il expose ses toiles à la galerie Zborowski qui faisait la part belle à l’École de Paris. C’est un succès fulgurant qui l’effraie et provoque sa fuite vers les îles du Pacifique. A son retour, il fait la connaissance de Django Reinhardt sur le port de Toulon. Il offre le gîte et le couvert au guitariste manouche encore inconnu et lui révèle la musique de Duke Ellington et Louis Armstrong.

L’exposition d’aujourd’hui – présentée au Musée Mendjisky-Écoles jusqu’au 5 octobre 2016 – reflète l’atmosphère du Paris des années 1930 à 1950 et le parcours d’un photographe proche des surréalistes, du groupe Octobre et des frères Prévert. Les lumières drues éclairent des visages de masque, le petit peuple de Pigalle croise la jeunesse jazzy des caves de Saint-Germain-des-Près, les rues de la capitale prennent des allures de décors de cinéma. Ce cinéma en noir et blanc magnifié par Marcel Carné et Jacques Prévert que Savitry a accompagné sur les tournages. Il y fera surgir « l’éblouissante clarté » des Portes de la nuit et la beauté mélancolique d’Anouk Aimée dans La Fleur de l’âge, film maudit et inachevé, tourné à Belle-Ile-en-Mer en 1947 et que Savitry documentera durant trois mois.

Ces photographies nous imprègnent de ce réalisme poétique que Savitry partageait avec Brassaï, Willy Ronis et Robert Doisneau avec qui il fit équipe au sein de l’agence Rapho. Elles nous rappellent à chaque silhouette de ces nus aux galbes harmonieux que le photographe n’a jamais abandonné les thèmes chers au peintre qu’il demeure. Sur un ton badin, cette exposition se termine avec l’envol de Charlie Chaplin et des marionnettes d’Yves Joly, élégante et légère révérence d’un homme discret, « trop vivant pour se vouloir artiste », comme l’écrivait Claude Roy.

Sophie Malexis – Commissaire d’exposition

Émile Savitry, Photographe de Montparnasse

Jusqu’au 5 octobre 2016

Musée Mendjisky-Écoles de Paris

15 Square Vergennes

75015 Paris

France

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