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Duo Schall

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L’exposition « Duo Schall » rend hommage au travail des deux frères Schall, à leur collaboration et met également en lumière le goût de Roger pour les compositions binaires, les couples et les duos. Une spécificité qui nous permet d’explorer transversalement toute l’oeuvre d’un des photographes les plus doués, prolifiques et précurseurs des années 30.

En 1931, Roger et Raymond ouvrent leur studio à Montmartre, au 36 avenue Junot. Les deux frères travaillent ensemble chaque jour. Artisans de la photographie, ils utilisent l’atelier pou recevoir les clients, organiser les prises de vues, développer les clichés pris la veille et tirer les épreuves. Raymond arpente les rédactions, gère le laboratoire et l’équipe pendant que Roger est en reportage dans toute l’Europe. Roger sera « l’oeil » et Raymond « les mains » du studio.

Nous sommes au moment où la presse est en pleine mutation, passant des hebdomadaires illustrés par des dessins aux quotidiens centrés sur l’actualité internationale immédiate et où les articles sont toujours accompagnés de photographies. Les frères Schall s’imposeront dans ce nouveau mode de communication et d’information grâce au talent photographique de Roger mais aussi par la diversification de leur production, orchestrée par Raymond.

Ils pratiquent aussi bien le reportage, le portrait ou les commandes pour la mode et la publicité. À eux deux, ils monteront à Paris le studio photo le plus connu et réputé des années 30. Fonctionnant déjà comme une agence de presse, ils emploieront jusqu’à 14 personnes et leurs images seront publiées dans plusieurs centaines de revues et journaux dans le monde entier en 20 ans, 150 fois la couverture.

En 1939, Roger et Raymond Schall sont mobilisés et l’activité du studio s’arrête net. À la démobilisation, les frères se séparent. Roger Schall continue tant bien que mal son travail de photographe mais l’activité est ralentie dans ce Paris occupé. Parallèlement Raymond crée en 1942 la maison d’éditions « Raymond Schall » au 38 rue Caulaincourt. Les editions Raymond Schall éditent « tous ouvrages et publicités de quelques caractères qu’ils soient se rapportant au reportage ou à la photographie. ». Elles publieront, entre autres, deux des plus grands ouvrages photographiques des années 40. Le premier, publié en 1942 : Reflets de France, est un recueil de plus de 300 photographies de Roger Schall des paysages français

et des hommes qui les habitent. Et, en 1944, A Paris sous la botte des Nazis, certainement le livre le plus célèbre qui rend compte de la situation à Paris pendant l’Occupation.

Préfacé par le général De Gaulle, cet ouvrage est un témoignage historique de premier ordre mais aussi un livre de photographies de grande qualité artistique où se côtoient les oeuvres de Doisneau, Jahan, Parry, Seeberger, et bien sûr Roger Schall.

À la fin de la guerre, Roger Schall abandonne progressivement les reportages internationaux pour se consacrer aux commandes publicitaires et reportages industriels. Cette époque marque la fin d’une période de créativité intense qui a débuté dans les années 20. Roger abandonne la photographie en 1967 et se consacre à la peinture et à la gestion de ses archives qui comprennent près de 100 000 images.

Roger Schall, un photoreporter humaniste

Les années 30 sont une période charnière pour la photographie qui passe le stade du document pour accéder à la création artistique avec notamment le courant de la Nouvelle Photographie. Les photographes expérimentent avec de nouveaux angles de prise de vue, des effets de raccourci, de perspectives insolites et introduisent un nouveau rapport au sujet. Tout ceci est rendu possible par les progrès de la technique et l’apparition en 1925 du Leica au format 24 x 36 mm, puis, en 1929 du Rolleiflex avec ses grands négatifs carrés de 6 x 6 cm. Cet appareil, tout de suite adopté par Roger Schall, oblige le photographe à marquer l’arrêt avant la prise de vue, s’incliner, élaborer son cadrage sur le dépoli à hauteur d’estomac. Il n’y a pas de façe-à-façe direct avec le sujet, l’image est construite plutôt que prélevée. Roger s’inscrit dans ce mouvement lorsqu’il photographie la beauté moderne de l’architecture métallique de la Tour Eiffel, du chantier du Normandie ou du transbordeur de Marseille. Mais ces recherches esthétiques ne sont jamais gratuites et toujours au service du reportage. Roger Schall est avant tout un photoreporter, ce qui lui permet d’être indépendant et d’assouvir son immense curiosité. Il documentera avec passion pendant plus de vingt ans la guerre, les manifestations politiques, le travail, les loisirs, la mode ou l’évolution des femmes.

Dès le début des années 1930, il couvrira plusieurs événements internationaux et spectaculaires tels que : le congrès de Nuremberg, le congrès radical de Marseille ou le voyage inaugural du paquebot Normandie. Mais même en travaillant sur ces grands sujets, il privilégie toujours l’instantané, les paysages et scènes de vies aux images trop posées. En parcourant les archives, nous découvrons souvent des clichés pris en marge de ses sujets de commande. Ainsi, dans le cadre de son reportage sur le Normandie, il profite des quelques jours à New York pour sillonner la ville et immortaliser ses habitants et fait de meme lorsqu’il couvre le voyage du président Lebrun à Londres.

En 1934, Michel de Brunhoff l’introduit dans le monde de la mode et de la haute société parisienne. Il devient alors un photographe mondain, réalise de nombreux portfolios pour Vogue et photographie Coco Chanel. Mais contrairement à la plupart de ses collègues de l’époque, il photographie ses modèles dans leur intimité ou en extérieur et recherche la spontanéité. Ses images sont magnifiquement pensées et construites mais ells ne perdent jamais le charme de l’instantané. Une qualité qu’il garde lorsqu’il photographie la duchesse de Windsor , un mariage gitan dans la zone ou les petits métiers des rues.

La force des images de Roger Schall vient de l’alliance entre le dynamisme des cadrages, la grande qualité technique de ses clichés et la nostalgie romantique d’un monde qui va disparaître. Il regarde toujours le réel avec respect, bienveillance et tendresse. Roger Schall est un photographe de la réalité qui se tourne vers l’homme, sa photographie est un témoignage humaniste des années 30-40.

 

Duo Schall

Jusqu’au 15 décembre 2018

Galerie Argentic

43 rue Daubenton

75005 Paris

www.argentic.fr

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