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Dans les coulisses de l’agence Magnum ( 2/3 )

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L’agence Magnum, créée à Paris et New York en 1947, fête cette année ses soixante-dix ans. Le livre de Clara Bouveresse, Histoire de l’agence Magnum. L’art d’être photographe, publié par Flammarion, retrace l’évolution de cette célèbre coopérative. Nous publions en exclusivité quelques extraits de cette plongée dans les coulisses de l’agence, en trois épisodes.

Cet été et comme chaque année, les membres de Magnum se réunissent pour choisir de nouveaux photographes, à la recherche de regards singuliers et de talents prometteurs. Si les critères de sélection ne sont pas explicites, les photographes débattent depuis la création de l’agence pour s’accorder sur le choix des futures recrues. L’auteure Clara Bouveresse écrit ainsi :

« Comment les membres de Magnum distinguent-ils les meilleurs de leurs confrères ? En 1947, Chim dresse le portrait de deux photographes qui lui semblent répondre aux attentes de l’agence : “ jeunes, intelligents, élégants, audacieux, entreprenants, adorables comme nous le sommes tous ”. À Magnum, ce ne sont pas seulement les images produites, leurs sujets ou leurs qualités formelles, qui comptent. La personnalité du photographe est fondamentale : les membres recherchent des collaborateurs avec lesquels ils pourront travailler et construire l’agence.

Pragmatique, Robert Capa se déclare “ en faveur de tous les gens qui ne sont pas trop mal, qui ont leurs propres idées, qui ne prennent pas trop d’espace ou d’argent ou de temps et qui prennent des photos au lieu de pleurer ”. Les candidats doivent pouvoir gagner leur vie et ne pas endetter l’agence. Magnum doit toujours avoir une “ dose de soi-disant jeunes photographes ”, et Robert Capa n’hésite pas à accueillir des débutants, tel Marc Riboud ou la mannequin Suzie Parker. Ces jeunes photographes enthousiastes et susceptibles de s’investir paraissent plus prometteurs que les “ grands noms ” déjà bien établis.

En 1950, Magnum envisage une fusion avec une autre agence new-yorkaise, Scope. Les six photographes de Scope sont eux aussi actionnaires. Ils possèdent un laboratoire très réputé. Leur plan est de faire venir Franz Fuerst, l’éditeur de Pix, une agence en difficulté, pour diriger la nouvelle entité. Robert Capa et George Rodger sont favorables au projet, et cinq photographes de Scope décident de rejoindre Magnum. Maria Eisner, directrice du bureau de New York, émet des doutes sur la pertinence d’une telle expansion : “ J’ai toujours la même foi dans notre bébé commun [mais] je n’ai jamais voulu diriger un grand magasin, et je n’ai pas changé d’avis. ” Finalement, après de longues négociations, le projet tombe à l’eau.

Philosophes, les photographes de Magnum tirent la leçon de cette expérience peu probante. Elle leur permet d’affiner les principes de l’agence, et notamment l’importance de la production indépendante. Leurs confrères de Scope travaillaient d’abord sur commande, et ne comprenaient pas l’importance accordée par Magnum à la recherche éditoriale et à la prospective. Pour Robert Capa, Magnum ne convient qu’aux photographes entreprenants, prêts à se mettre au free-lance. »

Histoire de l’agence Magnum – L’art d’être photographe
Publié par Flammarion
35€

http://editions.flammarion.com/

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