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Corolles et branches délicates à l’abbaye de La Celle

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Avec l’exposition La rose et l’olivier l’artiste Barbara Luisi fait resplendir la lueur secrète de la fleur et de l’arbre. Une initiative du département du Var qui souhaite valoriser les arts d’aujourd’hui dans ce haut lieu du patrimoine. 

« Inspirée par la communauté de moniales qui, dès la fin du XIIe siècle, ont habité ces lieux, l’exposition se déploie à travers des images de corps, de roses et d’oliviers, comme un long poème visuel sur les vertus et les vicissitudes de la vie religieuse », écrit Jean-Luc Monterosso, commissaire de cette exposition et qui pointe ainsi la très forte résonance entre les œuvres et l’abbaye de La Celle.

De fait, l’olivier est présent ici depuis très longtemps. Dès 558 après J.-C., le monastère a abrité l’arbre, notamment dans le dessein d’en faire une réserve pour la fabrication de candélabres. La photographe en a fait de délicats portraits qui se déploient très justement, sur ces terres méditerranéennes, donnant comme une image sensible à ces êtres discrets qui ont poussé depuis le tout début du Moyen-âge.

On y voit des troncs noueux, d’une rugosité étonnante et nous pensons à la dimension temporelle très inscrite dans le corps de l’arbre ainsi que dans celui des modèles masculins photographiés par l’artiste. Des hommes d’âge mûr qui posent nus et dont nous voyons la marque de la vie sur la peau, comme s’ils étaient eux aussi des arbres de vécu.

La force et l’immortalité 

« En m’enfonçant dans la profondeur des choses, j’entre en résonance avec cet infini qui nous enveloppe et nous dépasse. C’est un peu la même chose avec les vieux arbres, comme les oliviers millénaires qui portent les traces du temps : rien n’est fixe, tout bouge, tout évolue autour de nous mais ces arbres témoignent de la continuité d’un flux qu’on ne peut retenir, mais que la photographie nous aide peut-être à ressentir et à sublimer », dit Barbara Luisi.

De l’autre côté, la célébration de l’éphémère avec les corolles des roses qui marchent doucement vers l’inévitable fanaison. Prises souvent en gros plan, les fleurs ressemblent à des bouches qui respirent l’odeur des jardins et le secret du pollen. « La rose, dans la nature, évoque la beauté », explique la photographe et d’ajouter : « mais aussi la fragilité et l’éphémère. À l’opposé, à l’autre bout de la chaîne l’olivier représente la force, la fertilité, l’immortalité ».

Autre facette du travail de Barbara Luisi : des œuvres réalisées sur de la soie qui font un parallèle avec les lieux là aussi. Au XIXème siècle, le site de l’abbaye de La Celle accueillait en effet un élevage de vers à soie. Une délicatesse qui se mêle parfaitement aux portraits d’hommes et de roses et à la diffusion de morceaux de violon interprétés par l’artiste elle-même. Marque d’une sensibilité pour des arts multiples à voir au beau milieu d’un écrin magnifique.

Jean-Baptiste Gauvin

 

Barbara Luisi : « La rose et l’olivier »
Commissariat : JeanLuc Monterosso

19 mars – 18 septembre 2022
Abbaye de La Celle
9 Pl. des Ormeaux
83170 La Celle, France
https://abbayedelacelle.fr/

Catalogue de l’exposition : les Éditions Elzeviro

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