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Conversation entre Noémie Goudal et Diane Dufour

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Au fil de sa pratique, Noémie Goudal élabore un vocabulaire photographique poétique se nourrissant de l’ambiguïté créée par l’imposition dans un paysage de structures fabriquées de toutes pièces. Ces éléments architecturaux (escaliers, dômes, tours…) ou cosmiques (ellipses, sphères…), sont placés dans des océans vierges, des étendues désertes ou des espaces industriels puis sont photographiés.

En s’attardant sur ces formes oniriques, le regard décèle aisément la trace d’artifices (plis, imperfections, cordes, câbles…) caractéristiques d’objets en deux dimensions conçus pour l’unique finalité de la photographie.

À la fois images et objets, les montages de Noémie Goudal invitent à la rêverie tout en jetant le trouble, installent l’illusion tout en révélant la part de simulacre. Brouillant à dessein nos repères, ils oscillent entre hallucination et fait, miroirs de nos vies modernes où s’exercent simultanément d’insaisissables et contradictoires régimes de vérité.

Extraits d’une conversation avec Noémie Goudal
Mes matériaux de prédilection sont artificiels : papier, miroirs ou bois. J’aime observer leur interaction avec la nature.

Cette relation entre artifice et vivant est au cœur de mon travail. L’architecture est donc une inspiration naturelle pour moi. L’histoire de l’homme est celle de l’ambition de maîtriser le paysage en bâtissant des structures qui lui résistent.

Ma pratique se nourrit précisément de ces lieux qui, comme des hétérotopies, s’appréhendent aussi bien dans une géographie concrète qu’à travers l’imaginaire humain.

Oscillant entre réalité et fiction, les images de Southern Light Stations explorent la mécanique de la sphère céleste telle qu’on la percevait avant l’invention du télescope comme un espace universel mêlant observations, interprétations et projections mythologiques.

Impalpable, l’espace céleste a été pendant longtemps considéré à la fois comme le miroir des dérèglements terrestres et la manifestation du sacré. Je me suis inspirée des histoires des cieux qui émaillent la littérature de l’Antiquité au Moyen Age : un emboîtement de sphères tournoyant, un soleil de cristal éclairé par une grande torche ou de fulgurantes apparitions de boules de feu dans le ciel, la Terre est souvent décrite comme reposant sur l’eau, et le ciel comme une voûte posée au-dessus d’elle, la limitant de toutes parts. Ce n’est qu’à partir de la Renaissance qu’apparaît la notion d’infini.

Je m’intéresse au ciel et aux astres qui l’habitent comme à un espace de re-création où l’imaginaire humain s’étend à l’infini, comme un cinquième corps fait d’éther (ou cinquième élément). Reprenant l’idée que ce corps séjourne dans les astres et les orbes, on peut supposer que l’esprit humain et l’âme en seraient aussi faits. En questionnant cette notion de sphère céleste, contemplée et implorée par les humains depuis leurs premiers pas sur Terre, les images de Southern Light Stations reflètent la timide et fragile position physique et spirituelle de l’homme.

Cette Exposition est organisée avec la participation de la galerie Les filles du calvaire, Paris et de la Galerie Edel Assanti, Londres. Une partie de la production des tirages de l’exposition a été réalisée par le laboratoire Picto.

EXPOSITION
Cinquième corps
Noémie Goudal
Du 12 février au 8 mai 2016
Le BAL
6, Impasse de la Défense
75018 Paris
France
http://www.le-bal.fr
http://noemiegoudal.com

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