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Clarisse Rebotier : I Love My Diabetes

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I LOVE MY DIABETES une autobiographie du soin

20 ans que j’essaie de photographier ce sujet. Jamais, je n’avais réussi à même commencer. 20 ans que je tourne autour de… moi ?

Les semaines de confinement m’ont offert ce repli créatif. Replis sur mon corps et ses essentiels. Le soin est mon quotidien car il s’agit de ma survie. Si je m’oubliais, alors je mourrais : gestes sans cesse répétés, calculs permanents, médicaments, appareillages, rendez-vous médicaux, aller-retours à la pharmacie, prévisions, organisation…toujours aux aguets, sinon la vie s’arrête.

Il y a eu ce jour où ma vie a changé.

Je suis diabétique, et depuis 20 ans, le soin est entré dans ma vie. Il s’est imposé brutalement avec son vocabulaire de l’existence. Du jour au lendemain, je suis devenue le patient et le médecin, tous les jours, 24h/24. Jusqu’à la fin, ma survie sera entre mes propres mains.

C’est un combat permanent, obligatoire et… solitaire. Dès le premier jour de cette maladie, j’ai su que j’allais en baver, alors j’ai décidé d’en jouer et de la sublimer. Ma résilience se fera par le geste photographique chaque jour renouvelé. Savoir changer de point de vue, trouver une nouvelle esthétique et un nouveau registre sur un même sujet.

La maladie a-t-elle un sens ? Plutôt que de subir la maladie dont on est l’objet, l’envisager par le soin qu’on lui apporte, c’est lui donner son sens. C’est devenir un sujet, et c’est là qu’on trouve sa propre liberté. 

Tout le monde n’est pas diabétique mais ce regard porté sur le corps, cette interrogation sur sa propre fragilité, chacun d’entre nous le ressent

 

une artiste transdisciplinaire et indisciplinée

J’ai suivi un double cursus universitaire humaniste et linguiste à Paris, mon approche était alors celle de la découverte de l’Homme dans son environnement et dans sa relation aux autres :
• Après des classes préparatoires, je me suis tournée vers le théâtre et la littérature jusqu’à un DEA sur les littératures à contraintes.
• Parallèlement, j’ai poursuivi mes études de langues : commencées par le russe et l’arabe littéraire au lycée Louis le Grand, j’ai choisi de me concentrer sur la langue et la civilisation arabes à l’INALCO-Langues Orientales.
Lorsque j’ai décidé de me consacrer à la création artistique, je suis partie travailler dans le monde arabe et j’ai notamment collaboré avec plusieurs théâtres à Tunis où j’ai vécu 5 ans. De retour en France, j’ai choisi de me concentrer sur la photographie car il était évident pour moi que ma pratique de la dramaturgie et de la photo combinait tous mes engagements. Avec le recul, ma récente exposition « Hic et Nunc » au musée de l’Homme s’inscrit en tous points dans cette continuité.

Aujourd’hui j’explore avec entêtement “l’étrange aventure qu’est celle d’être un être vivant” (Michel Leiris, Francis Bacon, face et profil, 2004) : écriture, reportages et travaux plasticiens, rage et humour sont au service de mes expérimentations. J’aime ce qui résiste, je cherche l’accident pour révéler ce qui me fascine dans la fragilité du Vivant. Afin de la mettre en lumière, j’explore ce qui parle directement au corps. Je cherche ainsi à créer une tension entre humour et tragédie ; entre sensualité et cruauté ; entre matières vivantes et matières éternelles car ces contrastes et métaphores soulignent, à mes yeux, l’éphémère et le mouvement de la vie. – Clarisse Rebotier

 

Cette série fait partie de la collection « Confinement » de la Galerie Hegoa https://galeriehegoa.fr/

https://www.clarisserebotier.com/

https://www.instagram.com/clarisse.rebotier/?hl=fr

Clarisse Rebotier est distribuée par Divergence-Images

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