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Claire Delfino

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Dans plusieurs pays hispano-américains, et notamment en Argentine, le quinzième anniversaire des jeunes filles est un évènement exceptionnel qui n’a pas d’équivalent en France. Cette coutume est une des plus ancrée dans la société latino-américaine et touche toutes les classes sociales. Son origine très ancienne résulte d’un mélange culturel entre l’aristocratie européenne du XIXième siècle et d’un rite des civilisations précolombiennes. 

Dans l’Europe du XIXième, les riches familles exposaient les jeunes filles à la société afin de connaître leurs prétendants potentiels. En Amérique Latine, pour les civilisations Maya et Aztèque, quinze ans est l’aga du rite de passage de l’enfant à la femme adulte mature et prête à marier. Dans les deux cas, la célébration de cet âge marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte, de l’enfant à la femme.

Aujourd’hui, en guise de cadeau, les jeunes filles peuvent choisir entre une grande fête ou un voyage. Pour les parents, l’évènement est une occasion de montrer publiquement leur amour pour leur fille. C’est aussi un signe de richesse, où la quinceanera (celle qui fête ses 15 ans) est une princesse pour une nuit.

Lors d’un séjour à Buenos Aires, j’ai été introduite dans ces soirées, soirées que nous pourrions tout aussi bien prendre pour un mariage. Or, nous nous trouvons justement dans une soirée d’adolescentes, où celles-ci mettent tout en œuvre pour paraître « femmes ». Ce qui m’a ainsi frappée, c’est la représentation de la féminité que véhiculent ces jeunes femmes. Car l’adolescence est un moment où les filles sont confrontées au dévoilement du féminin. C’est aussi le moment critique du devenir femme, du désir de ne plus ressembler à l’enfant que l’on était. Pourtant la quinceanera, quant à elle, semble figée dans le rôle d’une princesse sortie tout droit d’un conte pour enfants. En revanche, ses amies s’apparente d’avantage à des lolitas. Elles affichent leur corps en changement et se fardent pour paraître plus âgées qu’elles ne le sont. Elles nous renvoient donc à une réalité beaucoup plus contemporaine, où la féminité ressemble à celle qui nous est présentée dans les magazines en papier glacé ou « peuple », faisant des jeunes femmes des objets de désir.

Deux représentations de la féminité s’affichent alors. Mais lolitas et princesses sont-elles conscientes de l’image qu’elles donnent d’elles-mêmes ? Et maîtrisent-elles réellement les codes de féminité ici déployés ? La célébration de la quinceanera semble finalement bel et bien illustrer l’ambivalence de l’adolescence, prise entre le rester-petite-fille et le devenir-femme.


Claire Delfino
, coécrit avec François Salmeron

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