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Christophe Bouillet

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AVANT

Je l’avais repéré au voyage aller et fait promettre une halte au voyage retour. Ce navire échoué, son moteur à nu, son reflet dans l’eau noire, étaient la promesse d’une photographie, si ce n’est réussie, au minimum différente des travaux des autres élèves.

Agacé par les embouteillages, énervé par un retour vers le quotidien, pressé par sa moyenne kilométrique, il m’avait fait descendre de la voiture le temps d’un cliché, puis repartir en râlant.

Le commentaire trimestriel du corps enseignant fut sans appel :

– Non mais, vous avez vu la photo que vous avez ratée ?

 

APRÈS

Arpentant les rues de Paname, je sortais rarement vainqueur du combat de titan opposant la banalité à l’art conceptuel. Peu nombreux étaient ceux comprenant ma démarche, qui consistait à photographier des fissures, du moisi et de la peinture écaillée.

Lâché par la technologie argentique, je remisai mes appareils au placard, me jurant de revenir un jour.

 

MAINTENANT

J’utilise uniquement le format carré, comme une matrice me permettant d’emporter un morceau découpé dans le paysage. Saisies en gros plan, mes photographies en deviennent parfois abstraites.

Contemplatif, je n’ai pas la photographie pour métier, pourtant je l’ai chevillée au corps et réalise une prise de vue par jour. Cette somme générant quelques belles erreurs, j’ai conservé les plus abouties et vous les présente aujourd’hui.

Christophe Bouillet

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