La lunga strada di sabbia (La longue route de sable)
Durant les mois de juin, juillet et août 2019, j’ai suivi la longue route de sable tracée par l’écrivain Pier Paolo Pasolini dans le récit «La Lunga Strada di Sabbia» de l’été 1959. De Vintimille à Trieste, le livre y définit un itinéraire celui du tour de la botte par les côtes italiennes, que j’ai suivi 70 ans plus tard afin d’en proposer une interprétation photographique.
«Si la photographie est un voyage, elle ne l’est pas dans le sens classique que suggère ce mot, c’est plutôt un itinéraire que l’on dessine avec beaucoup de déviations et de détours, de hasards et d’improvisations, une ligne zigzagante.». Luigi Ghirri
Ce projet découle tout d’abord d’une envie insatiable de découvrir l’Italie d’aujourd’hui, avec l’idée de se laisser guider depuis la frontier franco-italienne par la vision et les mots d’un poète, qui dira plus tard de son récit «qu’il n’est pas allé au-delà de son premier sentiment».
Me permettant donc de le mettre en parallèle avec certains de ses écrits plus engagés, devenus d’impressionnants présages.
À travers ses ouvrages, Pier Paolo Pasolini n’a cessé inlassablement de réveiller et de mettre en garde ses contemporains.
Je me suis donc envolée en juin dernier, avec l’idée de me noyer dans la masse d’un flux continu de voyageurs et d’autochtones, dans le but d’observer et figer les villes et plages italiennes. Les stations balnéaires sont devenues de formidables laboratoires où se reflètent plusieurs facettes de nos sociétés, mettant en lumière des problématiques contemporaines qui tournent en boucle comme le tourisme intensif, la pollution et le phénomène migratoire des populations.
Après huit semaines de voyage et plus de 4000 kilomètres, chaque ville des 43 parcourues possèdent une histoire visuelle entre fantasme et réalité, mais également grâce à la presence de personnages éphémères. Ma vision, parfois ironique, est avant tout un regard bienveillant sur une Italie solaire et singulière qui sera, je l’espère, éternellement accueillante.
Chloé Lamidey
