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China Now

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Depuis le début des réformes, la société chinoise s’est transformée. Le niveau technique et scientifique s’est élevé, la qualité de vie des gens s’est globalement améliorée. Mais la vitesse et l’ampleur de ces changements ont engendré des nouveaux problèmes, en tête desquels je distingue la pollution. Les autorités sont toujours obnubilées par les résultats économiques. Ils ne se posent pas la question de savoir si leurs actions ne vont pas détériorer l’environnement ou menacer la vie des citoyens. Bien sûr, le gouvernement dit haut et fort qu’il se préoccupe des enjeux écologiques, et des progrès semblent avoir été faits en surface. Lorsqu’on se promène dans une zone industrielle chinoise, on y est d’ailleurs bluffé par les routes bordées d’arbres et éclairées la nuit. Il suffit pourtant d’un souffle de vent pour sentir les odeurs chimiques : la pollution est toujours là. Nombre d’industries se contentent aussi d’enterrer leurs tuyaux pour rejeter leurs eaux usées non traitées. Tant qu’il n’y aura pas de système d’amendes ou de responsabilité juridique imposée aux pollueurs, tant que les gouvernements locaux penseront qu’à l’échelle chinoise, la pollution dont ils sont directement responsables est infime, rien ne bougera. Dans ce contexte, il y a beaucoup à faire pour notre profession, d’autant que la photo est un media particulièrement adéquat ici pour faire passer des messages au public et aux autorités. Les Chinois ont été tellement exposés à la propagande communiste que la plupart d’entre eux estiment qu’un discours contient au moins 80% de mensonges alors que dans une image, il y a au moins 80% de vérité. Bien entendu, un reportage permet parfois des avancées localement, non pas de résoudre un problème au niveau national. Venir à bout de la pollution prendra du temps et demandera des efforts conjugués de tous les Chinois.

 
 
Lu Guang

Lu Guang est né en 1961 dans la petite ville de Yongkang, dans la province du Zhejiang. Il a 20 ans lorsqu’il commence à travailler en tant qu’ouvrier dans une bourgade voisine. Un jour, saisi par la beauté d’un site naturel proche de cette petite ville, il emprunte un appareil photo. Il se découvre vite une passion pour les images, mais surtout un nouveau gagne-pain. C’est le tout début des réformes économiques, les photographes sont peu nombreux, et la vente de ses tirages paysagers lui permet de quitter l’usine pour ouvrir un studio de photos de famille. En 1993, ressentant le besoin « d’aller plus loin », il part perfectionner sa technique à l’institut des Beaux-Arts de l’université Tsinghua, à Pékin. C’est là, estime-t-il, qu’il a « appris à penser » et à s’intéresser à des sujets sociaux, que ses collègues chinois abordent alors très peu. Ses premiers reportages sur les chercheurs d’or du grand Ouest chinois, les toxicomanes de la frontière sino-birmane ou les petits puits miniers de Mongolie intérieure lui valent très vite la considération de ses pairs en Chine. Mais il lui faudra encore faire un détour par la photo publicitaire avant d’avoir les moyens financiers de se lancer à plein temps, en 2001, dans ce qu’il qualifie de « seconde vie » : la photo documentaire. En 2004, son reportage sur les paysans du Henan contaminés par le sida via des transfusions sanguines lui vaut un premier prix World Press Photo et fait le tour du monde. Les mesures d’aide aux malades prises peu après par des autorités achèvent de le convaincre du pouvoir des images, en Chine autant qu’ailleurs, voire plus qu’ailleurs. Ce photo-activiste n’a cessé depuis de sillonner son pays et de braquer son appareil sur les problèmes de société ou de santé publique qu’il estime les plus criants. A commencer par un magistral travail sur la pollution en Chine qui lui a valu, entre autres, le prix de la fondation Eugene Smith en 2009 et la reconnaissance internationale. 

 

 LIVRE
China Now
sous la direction de Yann Layma
360 x 250 mm
192 pages
Editions de La Martinière
Octobre 2014
ISBN 9782732448824
49 €

http://www.editionsdelamartiniere.fr

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