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Chefs d’œuvre de la collection Walther n° 3 : « Masque d’un monde parallèle »

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(3/5) Pendant toute la durée de l’exposition qui a lieu au Jeu de Paume à Paris avec l’exceptionnelle collection Walther léguée au Moma, L’Œil de la Photographie se penche sur un chef d’œuvre en particulier. Aujourd’hui, un masque du Gabon.

Comme une créature enchanteresse, des mains d’extraterrestre aux longs doigts effilés et un masque rituel en bois dont nous percevons difficilement la silhouette qui le porte.

Sans doute n’en fallait-il pas davantage pour inspirer Maurice Tabard, alors âgé de 39 ans, qui se frayait un discret chemin parmi la multitude surréaliste qui émerge à son époque. Fervent admirateur de Man Ray dont il ose suivre l’exemple dans l’utilisation du procédé technique de la solarisation, il est aussi fasciné par les cultures ancestrales et les cultes animistes de l’Afrique de l’Ouest.

Ainsi rejoint-il une certaine bande d’artistes parisiens qui, dès les premières années du XXe siècle, en particulier le trio Matisse, Picasso, Vlaminck, s’intéressent aux masques africains. Celui-ci est un masque dit « mukudj », typique du peuple Punu du Gabon, censé représenter une femme de la tribu du sculpteur. Ce dernier, au moment où il a taillé ce masque, a dû le faire absolument en dehors du village comme le veut le rituel et donc, avec seulement l’image du modèle choisi, parfois sa propre femme.

Cet « essai » pour un film sur le culte Vaudou a été réalisé dans l’optique d’une exposition en 1937, peut-être la fameuse exposition universelle qui avait alors lieu à Paris, grand rendez-vous des artistes modernes, et qui accueillera notamment Guernica de Picasso.

Le vaudou est cette religion de l’ombre, interdite dans les colonies d’esclaves noirs américains et devenue le symbole d’un combat sous-terrain et la preuve d’un certain syncrétisme, intéressant hautement les surréalistes pour sa dimension surnaturelle.

Mais le vaudou cristallise aussi les peurs occidentales du moment, tournées vers l’ailleurs et le bizarre. À tel point qu’en pleine Seconde Guerre mondiale, en 1943, un film du franco-américain Jacques Tourneur sort en salles aux États-Unis et s’intitule I walked with a zombie. Le script est le suivant : une infirmière vient soigner une jeune femme qui semble envoûtée à la suite de rites vaudous, apprenant peu à peu qu’elle est en fait un zombie, soit l’esclave d’un sorcier.

Lui-même alors peut-être, hier ou aujourd’hui, l’esclave d’un propriétaire blanc ?

Jean-Baptiste Gauvin

 

Chefs-d’oeuvre photographiques du MoMA La collection Thomas Walther

Du 14 septembre 2021 au 13 février 2022

Jeu de Paume

1, place de la Concorde

75001 Paris

www.jeudepaume.org

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