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Casa dei Tre Oci : Sabine Weiss : La Poésie de l’Instant

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La Casa dei Tre Oci de Venise présente la plus grande rétrospective et la première en Italie, jamais consacrée à la photographe franco-suisse, Sabine Weiss, disparue à l’âge de 97 ans le 25 décembre dernier, dans sa maison parisienne. Elle était l’une des principales représentantes de la photographie humaniste française aux côtés de Robert Doisneau, Willy Ronis, Edouard Boubat, Brassaï et Izis.

« Lorsque [Sabine Weiss] photographie des enfants, elle devient elle-même une enfant.
Il n’y a absolument aucune barrière entre elle, eux et son appareil-photo. »
Hugh Weiss, artiste et époux de Sabine Weiss

Réunissant plus de deux cents photographies, cette exposition est le premier et le plus important hommage rendu à sa carrière. La rétrospective, dont le commissaire est Virginie Chardin, est promue par la Fondazione di Venezia, réalisée par Marsilio Arte en collaboration avec l’Institut Berggruen ; elle est produite par le studio Sabine Weiss de Paris et Laure Delloye-Augustins, avec le soutien du Jeu de Paume et du Festival international Les Rencontres de la photographie d’Arles.

Seule femme photographe de l’après-guerre à avoir exercé ce métier aussi longtemps et dans tous les domaines de la photographie – du reportage aux portraits d’artistes, de la mode à la photographie de rue, avec une attention particulière aux visages d’enfants, en passant par de nombreux voyages autour du monde – Sabine Weiss a pu participer de manière active à l’élaboration de ce parcours d’exposition ; elle avait ouvert ses archives personnelles, conservées à Paris, pour raconter son extraordinaire histoire et son travail pour la première fois de manière complète et structurée.

Les clichés exposés aux Tre Oci, ainsi que différentes publications et magazines de l’époque – retracent l’ensemble de la carrière de Weiss, de ses débuts en 1935 aux années 1980. Dès le départ, Sabine Weiss a tourné son objectif vers les corps et les gestes, immortalisant les émotions et les sentiments, dans la lignée de la photographie humaniste française, comme en témoignent les photographies d’enfants et de passants présentées dans l’exposition. C’est une approche dont elle ne s’écartera jamais, comme le révèlent ses propos : « Pour être forte, une photographie doit nous parler d’un aspect de la condition humaine, nous faire ressentir l’émotion que le photographe a ressentie devant son sujet ». 

Née sous le nom de Weber, le 23 juillet 1924, à Saint-Gingolph, en Suisse, Sabine prend plus tard le nom de famille de son mari, le peintre américain Hugh Weiss (Philadelphie, 1925 – Paris, 2007). Elle aborde très tôt la photographie et est mise en apprentissage chez les Boissonnas, une famille de photographes qui travaillait à Genève depuis la fin du XIXe siècle. En 1946, elle quitte Genève pour Paris et devient l’assistante de Willy Maywald, un photographe allemand spécialisé dans la mode et les portraits. Lorsqu’elle épouse Hugh en 1950, elle entreprend une carrière de photographe indépendante. Ensemble, ils s’installent dans un petit studio parisien, où Sabine vit toujours, et fréquentent l’univers artistique de l’après-guerre.

L’un des thèmes centraux de l’exposition « Sabine Weiss. La poésie de l’instant » se concentre sur les années 1950, époque de la reconnaissance internationale de la photographe. En effet, en 1952, sa carrière prend un tournant décisif lorsqu’elle rejoint l’agence Rapho, sur une recommandation de Robert Doisneau. À partir de 1953, ses photographies sont publiées dans de grands journaux internationaux tels que Picture Post, Paris Match, Vogue, Le Ore, The New York Times, Life et Newsweek. La même année, Sabine Weiss participe à l’exposition Post War European Photography au Museum of Modern Art de New York (MOMA) et, en 1954, l’Art Institute of Chicago lui consacre une grande exposition personnelle. En 1955, trois de ses clichés sont sélectionnés par Edward Steichen pour l’exposition anthologique historique The Family of Man au MOMA de New York.

De 1952 à 1961, Sabine Weiss travaille pour Vogue aux côtés de photographes tels que William Klein, Henry Clarke et Guy Bourdin, réalisant des séances de photos de mode mémorables, dont l’exposition présente des clichés en couleurs vives ainsi qu’une quinzaine de numéros originaux du célèbre magazine.

Une partie de l’exposition est consacrée à ses portraits de peintres, sculpteurs, acteurs et musiciens. Pendant cinq ans, Hugh Weiss a été le mentor de l’artiste Niki de Saint Phalle, tandis que Sabine était proche d’Annette Giacometti, l’épouse du grand sculpteur Alberto. L’exposition comprend des portraits d’eux aux côtés d’autres personnalités telles que Robert Rauschenberg, Françoise Sagan, Romy Schneider, Ella Fitzgerald, Simone Signoret et Brigitte Bardot.

L’Amérique, où elle arrive en 1955 à bord du paquebot Liberté en compagnie de son mari Hugh, l’impressionne fortement, et les clichés qu’elle prend à New York dans ses rues fourmillantes de détails, du Bronx à Harlem, de Chinatown à la Neuvième Avenue, sont publiés dans le New York Times dans un long reportage intitulé Les New-Yorkais (et le Washington) d’une Parisienne ». Ce sont des images qui racontent l’histoire de l’Amérique d’un point de vue français, avec un sens de l’humour très pointu ; beaucoup d’entre elles sont présentées aujourd’hui, pour la première fois en Italie, à l’occasion de la rétrospective organisée par la Casa dei Tre Oci.

L’exposition consacre également une large place aux œuvres réalisées à partir des années 1980, à l’âge de 60 ans, lors de ses voyages au Portugal, en Inde, en Birmanie, en Bulgarie et en Égypte. Comme l’observe Virginie Chardin, commissaire de l’exposition, « ces œuvres témoignent d’une extraordinaire vivacité intellectuelle aux accents sentimentaux, axés sur la solitude, la foi et les moments de réflexion de la vie ».

Outre les photographies, l’exposition présentera également des extraits de films documentaires qui lui sont consacrés (La Chambre Noire en 1965 ; Sabine Weiss en 2005 ; Mon travail de photographe en 2014) dans lesquels elle raconte, à différents moments de sa vie, son parcours artistique, ses expériences de voyage et les difficultés d’être une femme photographe. L’intensité et la curiosité du regard qu’elle porte sur le monde, la joie qui émane de sa façon de le voir et de le documenter font de Sabine Weiss un symbole de courage et de liberté pour toutes les femmes photographes.

Le catalogue, publié par Marsilio Arte, comporte de nombreuses images inédites et des textes de Virginie Chardin, commissaire de l’exposition, et de Denis Curti, directeur artistique de la Casa dei Tre Oci.

 

Sabine Weiss : The Poetry of the Instant
du 11 mars au 23 octobre 2022
Casa dei Tre Oci
Fondamenta delle Zitelle 43, Giudecca, Venezia
www.treoci.org

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#sabineweiss #sabineweissaitreoci #treoci

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