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Buenos Aires –Marcos Lopez

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Avec ses photos grands formats saturées de couleurs et d’informations, le style de Marcos López est reconnaissable entre tous. Dans des mises en scène au sommet du kitch il décrit un monde, un continent, un pays. Il s’intéresse à l’idée de patrie et d’identité, celle de l’Argentine d’abord, celle de l’Amérique Latine ensuite. Dans sa grande fresque présentée à la Fondation YPF, référence évidente au muralisme mexicain, il convoque en toile de fond les libérateurs San Martin et Bolivar, les présidents Chavez et Morales, le Che et un guerrier aztèque. Au centre, les bustes des époux Perón flottent dans une piscine que remplit Carlos Gardel, roi du Tango, sous le regard d’égoutiers reproduisant le Monument aux héros de la guerre des Malouines, tout en escaladant les icônes du pop art, pendant que les joueurs argentins des équipes américaines de basketball prennent à témoin le spectateur. On a fait plus digeste.

Mais Marcos López aime exagérer, ajouter, surcharger pour atteindre son équilibre esthétique. Les références sont attendues, les clichés réunis. Il met en scène un univers étouffant et léché, souvent proche de l’image publicitaire. La relation est d’ailleurs troublante dans la série d’images de rues du quartier de Constitución, où les passants sont figés dans leurs mouvements quotidiens, écrasés par les panneaux publicitaires et les symboles de grandes marques mondialisées, dans un environnement délabré, qui sent le sud et le sous-développement.

“Moi j’aime ici, dit-il à propos de cette série. Photographier ce qui est proche. Peindre mon village et être universel. J’aime l’évidence, les phrases toutes faites : mon quartier est mon monde. De fait, j’habite à quatre pâtés de maisons de ce coin de rue. La couleur locale de l’Argentine est dans ces rues, ces bars, ces marchés.”

Pour donner toute sa force au récit, il mêle photographie et peinture, collage et retouche numérique, brouillant les pistes entre vrai et faux, authentique plastique ou imitation peinte. “Au final… ça intéresse qui la vérité ? Demande Marcos López. Qui ose me dire ce qu’est la réalité ? Quel est le rêve de la rondelette-mulâtre-brune-au-teint-olive en collants rose bonbon, qui est toujours à l’angle des rues Brésil et Salta et me transperce le cœur et l’âme quand elle plante ses yeux dans les miens ? Elle oui, c’est la vérité. L’histoire de l’Amérique se raconte pendant ces 30 secondes interminables.”

Derrière l’humour et l’ironie de ces images se cache parfois la douleur, la réalité d’un monde qui s’est cru fort et qui s’effrite, dont les décors en cartons pâte s’effondrent lentement. L’univers de Marcos López a finalement quelque chose de la chronique sociopolitique d’une époque. Tout comme le kitch, elle réjouit les uns et écœure les autres.

L’exposition “Terre en transe”, dont le titre est un hommage au cinéaste brésilien Glauber Rocha, présente une sélection de portraits et de scènes de rue ainsi que le grand mural “Suite Bolivarienne”.

Catherine Tanazacq de Stigliano
[email protected]

Jusqu’au 15 juillet 2011.

Fundación YPF
Macacha Güemes
515 PB, Puerto Madero
Du lundi au vendredi 10h à 19h.

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